13/03/2009

Biographie de Saint Paul


« Je suis Juif. Né à Tarse en Cilicie, j'ai cependant été élevé ici dans cette ville, et c'est aux pieds de Gamaliel que j'ai été formé à l'exacte observance de la Loi de nos pères, et j'étais rempli du zèle de Dieu, comme vous l'êtes tous aujourd'hui.
J'ai persécuté à mort cette Voie, chargeant de chaînes et jetant en prison hommes et femmes, comme le grand prêtre m'en est témoin, ainsi que tout le collège des anciens. J'avais même reçu d'eux des lettres pour les frères de Damas, et je m'y rendais en vue d'amener ceux de là-bas enchaînés à Jérusalem pour y être châtiés.
Je faisais route et j'approchais de Damas, quand tout à coup, vers midi, une grande lumière venue du ciel m'enveloppa de son éclat. Je tombai sur le sol et j'entendis une voix qui me disait: "Saoul, Saoul, pourquoi me persécutes-tu ?" Je répondis: "Qui es-tu, Seigneur ?" Il me dit alors: "Je suis Jésus le Nazaréen, que tu persécutes" ».
Ac 22, 3-10


Différentes sources pour connaître Paul:

Le lecteur de la Bible dispose de deux sources pour mieux connaître Paul : ses lettres, autrement appelées épîtres, et le récit des Actes des Apôtres dont Luc est l’auteur.
Ces deux sources sont l’une et l’autre nécessaires pour tenter une reconstitution de la vie de Paul. [...]Chacune de ces sources a sa propre visée. Dans ses lettres, Paul n'a pas pour but de raconter sa vie : il s’adresse à des communautés ou à un frère chrétien. Les Actes, quant à eux, sont bien l'œuvre d'un historien. Luc y fait de Paul un portrait qui dit davantage ce que représente la figure du missionnaire pour sa propre communauté.

1- Paul, juif zélé, devenu persécuteur de chrétiens (5/10 – vers 34)
* Saul, juif de la Diaspora et citoyen romain.
Saul, qui ne sera appelé Paul que plus tard, est probablement né entre les années 5 et 10 de l’ère chrétienne, à Tarse, en Cilicie (Asie Mineure, actuellement au sud-est de la Turquie). Il semble avoir grandi dans une famille juive de la tribu de Benjamin et se présente lui-même comme "citoyen" romain.
* Une formation religieuse de haute qualité.
Il fréquente probablement l’école rabbinique de Tarse avant d’être envoyé par ses parents à Jérusalem auprès de maîtres religieux célèbres. Saul sera profondément marqué par l’enseignement de l’un d’entre eux, Gamaliel, pharisien de renom. Il ne paraît pas avoir connu Jésus de Nazareth, ni avoir été informé des trois années de son ministère public.
* Témoin passif du martyre d’Etienne.
Devenu lui-même pharisien fervent, de stricte observance, il est présent à Jérusalem lors du martyre d’Etienne : « Les témoins avaient déposé leurs vêtements aux pieds d'un jeune homme appelé Saul » (Ac 7, 58). « Saul, lui, approuvait ce meurtre » (Ac 8, 1).
* Paul, persécuteur zélé.
A la suite de la mort d’Etienne, une violente persécution s’élève contre l’Eglise de Jérusalem, entraînant la dispersion des disciples du Christ. Le zèle de Saul le conduit à poursuivre ces chrétiens, qu’il considère comme une menace pour le judaïsme officiel, tant sadducéen que pharisien. Avec zèle, il s’engage à détruire ce nouveau mouvement qu’il appelle « la Voie ». Dans ce but, il reçoit du grand prêtre des lettres le mandatant pour conduire les arrestations.


2- Le temps obscur des commencements (vers 34 – 45)
* Conversion sur le chemin de Damas.
C’est en se rendant à Damas dans l’intention de rechercher les premiers chrétiens qu’une force surnaturelle le terrasse. Le Christ lui apparaît et il reçoit la révélation de la foi.
« Il faisait route et approchait de Damas, quand soudain une lumière venue du ciel l'enveloppa de sa clarté. Tombant à terre, il entendit une voix qui lui disait: "Saoul, Saoul, pourquoi me persécutes-tu ?" "Qui es-tu, Seigneur ?" demanda-t-il. Et lui : "Je suis Jésus que tu persécutes. Mais relève-toi, entre dans la ville, et l'on te dira ce que tu dois faire". Ses compagnons de route s'étaient arrêtés, muets de stupeur : ils entendaient bien la voix, mais sans voir personne. Saul se releva de terre, mais, quoiqu'il eût les yeux ouverts, il ne voyait rien. On le conduisit par la main pour le faire entrer à Damas. Trois jours durant, il resta sans voir, ne mangeant et ne buvant rien » (Ac 9, 3-9).
* Pour Paul et le christianisme naissant : une expérience fondatrice.
L’évènement est un véritable retournement pour Saul. Vingt ans plus tard, Paul le présente dans sa lettre aux Galates (Ga 1, 12-17) comme le cheminement providentiel qui va illuminer sa foi juive en lui faisant découvrir la profondeur de la Révélation. A trois reprises (Ac 9, 1-19 ; 22, 5-16 ; 26, 9-18), les Actes des Apôtres évoquent la « conversion de Saul de Tarse », soulignant ainsi combien il s’agit d’un épisode majeur pour le christianisme naissant. Après l’expérience de cette illumination intérieure, Paul est conduit, aveugle, jusqu’à Damas où l’attend un certain Ananie. Trois jours plus tard, il reçoit de ce disciple du Christ le baptême et recouvre la vue.
* Temps mystérieux de l’initiation.
L’instruction du nouveau chrétien reste des plus mystérieuses. Dans sa lettre aux Galates, Paul insiste sur son initiation, présentée comme un long mûrissement : « aussitôt, sans consulter la chair et le sang, sans monter à Jérusalem trouver les apôtres mes prédécesseurs, je m'en allai en Arabie, puis je revins encore à Damas. Ensuite, après trois ans, je montai à Jérusalem rendre visite à Céphas (Pierre) et demeurai auprès de lui quinze jours : je n'ai pas vu d'autre apôtre, mais seulement Jacques, le frère du Seigneur: et quand je vous écris cela, j'atteste devant Dieu que je ne mens point » (Ga 1, 16-20). Le livre des Actes des Apôtres, quant à lui, suggère une autre version : il signale simplement « quelques jours passés avec les disciples à Damas » (Ac 9, 19), avant de présenter Paul prêchant avec audace la foi chrétienne dans les synagogues de Damas et de Jérusalem. Le témoignage de la lettre aux Galates doit probablement être retenu : Paul se met à l’école des apôtres du Christ, avant de partir évangéliser la Syrie et la Cilicie (Ga 1, 21).

3- Le premier voyage missionnaire (45-47)
*Appelé par Barnabé pour partir en mission.
Revenant à Tarse après son court séjour à Jérusalem, Paul s’est probablement arrêté à Antioche de Syrie, troisième ville de l’Empire après Rome et Alexandrie d’Egypte, où réside une petite communauté chrétienne. Il pourrait s’y être lié d’amitié avec Barnabé, originaire de Chypre. Ce dernier fait appel à ce juif devenu chrétien lorsque sa communauté, sous la motion de l’Esprit Saint, l’envoie évangéliser l’île de Chypre. Jean, aussi appelé Marc, cousin de Barnabé se joint à eux. Le « premier voyage missionnaire » de Paul débute lorsque les trois disciples embarquent au port de Séleucie pour joindre l’île voisine.
* De ville en ville, Paul devient chef de mission.
L’équipe missionnaire effectue un voyage aller-retour, selon le récit d’Ac 13-14. Ils visitent brièvement Chypre. A partir de cette étape, le converti du chemin de Damas n’est plus désormais appelé que par le nom latin de Paul et passe du rôle secondaire d’accompagnateur à celui de chef de mission. Marc choisit alors de quitter Paul et Barnabé, et rejoint Jérusalem. Les deux disciples gagnent ensuite la Pamphylie (Pergé) et prêchent autour d'Antioche de Pisidie. Cherchant à convertir les Juifs, ils annoncent le Salut et la résurrection en Jésus dans les synagogues (Ac 13, 14-42). La Bonne Nouvelle divise la communauté juive mais est bien accueillie par l’auditoire païen. Pourtant devant l’opposition croissante, les disciples sont obligés de partir précipitamment (Ac 13, 50-52). Ils se rendent ensuite à Iconium, où une situation semblable se reproduit, malgré les « signes et prodiges » (Ac 14, 3) opérés par les missionnaires. A Lystres, Paul guérit un paralytique et la population, émerveillée, le confond alors, lui et son compagnon, avec les dieux « Zeus et Hermès » (Ac 14, 12). Leur démenti leur vaut une violente attaque : Paul est laissé pour mort dans un fossé. Revenant à lui, il part avec Barnabé pour Derbé où ils font « bon nombre de disciples » (Ac 14, 21). Sur le chemin du retour, ils ne repassent pas par Chypre et se rendent directement de Pergé à Antioche. Arrivés au terme du voyage, ils rendent compte de cette première mission et Paul rapporte « comment il avait ouvert aux païens la porte de la foi » (Ac 14, 27).

4- L’Assemblée de Jérusalem (48/49)
*Faut-il circoncire les païens convertis ?
Lors de la venue de Paul à Antioche, de nombreux païens ont embrassé la foi chrétienne. Ils ont été baptisés sans qu’il leur soit imposé de suivre les prescriptions de la Thora. Mais des disciples judéens, plus traditionnalistes, réclament fermement que les nouveaux convertis respectent les préceptes juifs et soient, eux aussi, circoncis. Pour trancher le litige, la communauté d’Antioche décide d’en référer à l’Eglise mère de Jérusalem. Paul, Barnabé et quelques frères sont alors envoyés en délégation auprès des apôtres (Ac 15, 1-2).
* La décision des apôtres et de l’Eglise de Jérusalem.
Arrivés à Jérusalem, ils font le récit des conversions de païens que Dieu avait accomplies par leur ministère (Ac 15, 4). Devant les apôtres et les anciens, Pierre lui-même témoigne de son appel à convertir même les païens et juge inutile que leur soient imposées les prescriptions de la Thora (Ac 15, 7-12). Jacques, chef de la communauté de Jérusalem, adopte leur position. Finalement, l’assemblée réunie tranche la question et renvoie Paul, Barnabé, accompagnés de Jude et Silas, munis d’une lettre pour les chrétiens d’Antioche annonçant leur décision :
" Les apôtres et les anciens, vos frères, aux frères de la gentilité qui sont à Antioche, en Syrie et en Cilicie, salut! (…) L'Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas vous imposer d'autres charges que celles-ci, qui sont indispensables : vous abstenir des viandes immolées aux idoles, du sang, des chairs étouffées et des unions illégitimes. Vous ferez bien de vous en garder. Adieu !" (Ac 15, 23.28-29).
* Le premier concile ?
L’assemblée de Jérusalem a donc pris une décision sur une question cruciale du christianisme naissant : l’ouverture de la foi chrétienne aux païens sans leur imposer les préceptes de la Thora. La tradition chrétienne reconnaîtra dans ce discernement ecclésial le modèle des conciles futurs.

5- Deuxième voyage missionnaire (49-52)
* Avec Paul, un difficile compagnonnage missionnaire…
Paul et Barnabé souhaitent visiter à nouveau les communautés qu’ils avaient rencontrées lors du premier voyage missionnaire. Refusant d’emmener Jean-Marc qui les avait précédemment abandonnés à Pergé, Paul se dispute avec Barnabé et décide de partir finalement avec Silas (Ac 15, 36-40). A deux, ils vont traverser la Turquie actuelle d’est en ouest, soit plus de mille kilomètres.
*L’Esprit conduit la mission et la Parole voyage.
Paul retrouve à nouveau les communautés fondées en Cilicie et Pysidie. À Lystre, il rencontre Timothée qui continue le voyage avec eux (Ac 16, 1-3) et deviendra un compagnon inséparable. Ensemble, ils parcourent la Galatie et la Mysie, guidés par l’Esprit Saint. Ce dernier leur indique en effet avec force la route à emprunter et celle à éviter (Ac 16, 7). À Troas d'Alexandrie, ils choisissent de gagner l’Europe et s'embarquent pour la Macédoine. Arrivés à Philippes, Paul libère une servante possédée par un esprit de divination. Ses maîtres, perdant une source importante de revenus, s’en prennent aux missionnaires qui sont jetés en prison. Un séisme, marque de l’intervention divine en faveur des témoins, délivre les prisonniers. Après la conversion de leur geôlier et les excuses des autorités, Paul et Silas poursuivent leur route, évangélisant Thessalonique et Bérée. A Athènes, capitale culturelle de la Grèce, Paul engage en public une vive controverse avec les habitants versés dans la philosophie. Puis, devant l’Aréopage, Paul déploie un discours exemplaire, modèle d’argumentation et de pédagogie en monde païen. Il recourt avec brio à sa double culture hellénistique et biblique. Mais l’évocation de la résurrection du Christ fait s’éloigner son auditoire qui le prend pour un doux rêveur : « A ces mots de résurrection des morts, les uns se moquaient, les autres disaient: "Nous t'entendrons là-dessus une autre fois" » (Ac 17, 32). Seuls quelques Athéniens, dont Denys l’Aréopagite, accueilleront la foi chrétienne.
* Une longue halte à Corinthe.
A l’issue de ce second voyage missionnaire, Paul fait une longue halte à Corinthe. Pendant dix-huit mois, il partage sa vie entre son métier de fabriquant de tente et la prédication missionnaire chaque jour de Sabbat (Ac 18, 3-4). C’est à Corinthe qu’il reçoit des nouvelles inquiétantes de la communauté de Thessalonique. Avec l’aide d’un scribe, Paul leur adresse vers 50-51 une première épître : la première lettre aux Thessaloniciens. La seconde lettre aux Thessaloniciens suivra, entre 70 et 100, dont l’attribution à Paul est plus discutée. A Corinthe, où il enseigne" aux gens la parole de Dieu " (Ac 18, 11), son témoignage est loin d’être unanimement accueilli. Après un procès intenté par les Juifs hostiles devant le proconsul Gallion, Paul s’embarque finalement pour Ephèse. Puis, prenant le bateau jusqu’à Césarée-Maritime, il regagne Jérusalem ou plus probablement Antioche, son port d’attache, pour quelques temps.

6- Troisième voyage missionnaire (53-56)
*A Ephèse, Paul confronté aux Juifs et aux fidèles d’Artémis.
Paul ne s’installe pas pour autant à Antioche. Il est désireux de retourner voir les communautés fondées par lui en Grèce et en Asie Mineure. Il choisit de repartir pour le pays des Galates et la Pisidie, et veut faire escale à Ephèse, où il s’est trop brièvement arrêté au voyage précédent. Il atteint la ville après une année de route et fréquente alors assidûment la synagogue pour y annoncer la Bonne Nouvelle. L’hostilité croissante des Juifs le conduit à s’établir dans une école privée tenue par une certain Tyrannos. L’œuvre missionnaire y est intense : « Il en fut ainsi deux années durant, en sorte que tous les habitants de l'Asie, Juifs et Grecs, purent entendre la parole du Seigneur » (Ac 19, 10). Le témoin rencontre certains succès, non pourtant sans épreuves, comme il l’écrira aux Corinthiens : « je resterai à Ephèse jusqu'à la Pentecôte ; car une porte y est ouverte toute grande à mon activité, et les adversaires sont nombreux » (1 Co 16, 8-9).
*Intense activité épistolaire.
D’Ephèse, Paul envoie probablement ses lettres aux Philippiens, à Philémon et aux Galates dans les années 55-56. Trois autres lettres, jugées authentiques, suivront à la fin de son séjour de deux ans dans la ville : la première et la deuxième lettre aux Corinthiens et la lettre aux Romains.
*Paul, forcé de fuir, regagne Jérusalem.
Le succès de la prédication de Paul provoque la colère des orfèvres d’Ephèse, marchands de statues à l’effigie de la déesse locale, Artémis. La corporation organise une manifestation, et devant l’émeute, Paul doit fuir la ville en secret.
Après un séjour en Grèce et une halte à Philippes où il célèbre les fêtes de la Pâque, Paul rejoint le port de Néapolis, embarque pour Troas et poursuit en cabotage jusqu’à Milet. Il convoque alors les anciens de l’Eglise d’Ephèse, ville d’où il a été chassé, pour leur faire ses adieux avec émotion et leur confier la communauté : « Vous savez vous-mêmes de quelle façon, depuis le premier jour où j'ai mis le pied en Asie, je n'ai cessé de me comporter avec vous (…). Pourvu que je mène à bonne fin ma course et le ministère que j'ai reçu du Seigneur Jésus : rendre témoignage à l'Evangile de la grâce de Dieu. Et maintenant voici que, je le sais, vous ne reverrez plus mon visage (…). Soyez attentifs à vous-mêmes, et à tout le troupeau dont l'Esprit Saint vous a établis gardiens (…). A présent je vous confie à Dieu et à la parole de sa grâce (…). Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir » (Ac 20, 18-35).
Puis, quittant un auditoire en sanglot, il embarque et finit son trajet par bateau jusqu'à Césarée-Maritime, d’où il rejoint à pied Jérusalem.

7- L’arrestation de Paul et son voyage captif à Rome (57-62)
*A Jérusalem, Paul est confronté à une ultime persécution.
Arrivé à Jérusalem, Paul salue les anciens et Jacques, et leur relate la progression de la mission chez les païens. Mais l’apôtre des Gentils va se retrouver à nouveau confronté à l’opposition des Juifs qui voit en lui un anti-conformiste farouche, impie et dangereux qui trahit le judaïsme. Alors qu’il entreprend une démarche sur l’esplanade du Temple, il est reconnu et vilipendé par les Juifs d’Asie. On l’accuse d’avoir fait pénétrer des Grecs dans l’enceinte du Temple et ainsi profané le Lieu Saint (Ac 21, 27-29). Attaqué, il ne doit son salut qu’à l’intervention de la garde romaine. Arrêté, il n’échappe aux fouets qu’en arguant de sa citoyenneté romaine. A plusieurs reprises, Paul est alors conduit à s’expliquer devant le peuple, les autorités juives et le pouvoir civil. Pour le faire échapper à un complot, il est finalement transféré à Césarée-Maritime afin d’y comparaître devant le tribunal du Procurateur.
* La requête de Paul : comparaître devant César.
Deux années durant, il est retenu captif à Césarée-Maritime. Chaque interrogatoire est pour lui l’occasion de témoigner avec audace du Christ et de sa propre expérience de foi. Il réclame finalement de comparaître devant César lui-même à Rome. A l’issue de son interrogatoire, le procurateur Festus consent à sa demande : il sera envoyé dans la capitale de l’Empire pour y être jugé par l’Empereur lui-même.
* De Césarée à Rome : un voyage aventureux.
Paul, sous bonne garde, embarque donc vers Rome. Commence alors un périlleux voyage en mer marqué par une très violente tempête de quatorze jours. Finalement, le bateau de Paul fait naufrage et le missionnaire captif échoue avec tout l’équipage sur l’île de Malte. Au cours de ce long épisode à suspens dit « du naufrage de Paul » (Ac 27, 1-28, 10), le témoin du Christ bénéficie d’une vision divine l’invitant à encourager les autres passagers. Par sa présence et ses conseils avisés, il permet le salut de tous. Sur l’île, Paul guérit les barbares malades, signe d’un salut rejoignant ce monde païen. Bénéficiant de la grande reconnaissance des insulaires, il reprend la route de Rome. La fin du voyage est alors plus paisible (Ac 28, 11-16).
*Grâce à Paul captif, la Bonne Nouvelle rejoint la capitale de l’Empire.
Arrivé enfin à Rome, Paul s’adresse encore aux Juifs. Aux dernières lignes du livre des Actes, son propos à leur égard sonne comme une sentence : « Sachez-le donc : c'est aux païens qu'a été envoyé ce salut de Dieu. Eux du moins, ils écouteront » (Ac 28, 28). Pourtant, il est dit en épilogue du livre qu’« il recevait tous ceux qui venaient le trouver, proclamant le Royaume de Dieu » (Ac 28, 30). « Tous », probablement Juifs, païens et chrétiens : à la fin du récit des Actes, Paul atteint Rome et, grâce à lui, la Bonne Nouvelle rejoint la capitale du monde, lieu de l’universel. Désormais, la Parole de Grâce est clairement offerte à tous.
* Depuis sa captivité, Paul se serait encore adressé aux communautés.
De cette captivité, décrite par le livre des Actes, dateraient les épîtres dites « de la captivité » (l’épître aux Colossiens et l’épître aux Ephésiens), ainsi que les « Pastorales » (l’épître à Timothée et l’épître à Tite). L’authenticité paulinienne de ces quatre écrits est largement discutée aujourd'hui.

8- Après la captivité à Rome, qu’est devenu Paul ?
Le silence sur la fin de sa course missionnaire.
Le livre des Actes s’achève sur la captivité de Paul à Rome. Rien n’est dit de l’issue du procès en comparution devant César, ni de la mort de Paul. Il est probable que le témoin du Christ a bénéficié d’un non-lieu : son innocence est attestée à plusieurs reprises au fil des derniers chapitres du livre. Mais ensuite, où son zèle apostolique l’a-t-il encore conduit ?
Selon la tradition : Paul témoin du Christ jusque dans sa mort.
Des traditions postérieures, dès le IInd siècle, tentent de combler ce silence. Certaines font allusion à un voyage vers « l’extrême-ouest », peut-être l’Espagne. D’autres affirment qu’il serait retourné visiter ces communautés de Grèce, de Macédoine et de Mysie qu’il affectionnait tant. Il aurait été alors de nouveau arrêté vers 66. Celui qui se prétendait apôtre au même titre que les Douze aurait été décapité en 67, sous Néron, sur la voie d’Ostie, non loin du Tibre, près du lieu où les archéologues ont aujourd'hui identifié sa tombe.

[Publié avec l'aimable autorisation du diocèse de Versailles (Année Saint Paul) ]

Aucun commentaire: