BONNES VACANCES
« Que fais-tu pendant les vacances ?
- Rien. »
Il semblerait que ce soit la juste réponse puisque ce mot signifie : « vide » , « absence ». On parle de « vacance du pouvoir » quand un chef de gouvernement démissionne. En tout cas, on peut facilement comprendre que pour certains citadins cette réponse soit spontanée quand on connaît le rythme et le stress de leurs journées.
D’autres diront : « Je vais en profiter pour « faire » la Corse, « faire » du sport, « faire les musées », « faire » un tas de choses. Nous sommes ici dans le changement d’activité, au point parfois que ce genre de vacances demande une préparation minutieuse et presque laborieuse. Certains adeptes de loisirs organisés en arrivent, disent-ils, à espérer leur retour pour enfin se reposer !!
La vacuité, le rien risquent de virer au mortel ennui.
L’activité, le « faire » peuvent friser la surdose du drogué toute aussi mortelle.
« Que feras-tu pendant ta retraite ?
- Rien » répondait un ami ; mais il ajoutait : « Je vais d’abord être. »
Il voulait dire par là qu’enfin il ne serait plus happé par un activisme incessant, par des projets dévorants, des sollicitations multiples et parfois inutiles. Il allait se donner le temps de savourer les choses simples de la vie.
-Prendre le temps de contempler tous les jours cette création qui nous enchante comme au premier matin du monde.
-Prendre le temps d’accomplir soigneusement et calmement les petits gestes du quotidien sans être bousculé par l’horaire imposé.
-Prendre le temps de recevoir tout à loisir celui ou celle qui passe, sans penser à récupérer ce temps « perdu » professionnellement parlant.
- Prendre le temps de visiter celui ou celle pour qui le temps est malheureusement et tristement trop long.
-Prendre le temps de déguster un beau livre, de s’informer correctement sur tel ou tel problème de société, de creuser davantage sa connaissance des cultures et des arts jusque- là ignorés. Bref, élargir son horizon familier, tout en renforçant ses racines nourricières.
Et si c’était cela les vacances !
Accueillir le temps donné non pas pour le tuer (tuer le temps) parce qu’il nous ennuie ; non pas pour le passer (passer le temps) le plus vite possible en le bourrant de choses à faire mais pour simplement « être » et devenir nous-mêmes. Si nous réalisons ce programme, à coup sûr notre temps sera « mangé ». En effet, il n’aura plus le goût rassis de nos amertumes ou recuit de nos rancœurs. Il aura la saveur du bon pain partagé parce qu’il aura été cuit au four de l’Essentiel retrouvé et les autres ne s’y tromperont pas.
Alors, peut-être, serons-nous prêts à accueillir à l’improviste ce visiteur du soir qui frappait en vain depuis longtemps à notre porte et que nous n’avions pas eu le temps de recevoir : « Voici, je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi. » Apocalypse de St Jean 3, 20
Abbé Jean Casanave.http://jeancasanave.blogspot.fr/
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