Un fils nous est donné » (Is 9,4)
Posé là, sur la paille,
Semé dans nos sillons,
Tu nous dis, Jésus Christ,
Que l’ambition de Dieu,
Que la folie de Dieu
Pour ses enfants, les hommes,
Survient discrètement.
Comme nous, tu commences,
Dans la fragilité d’une naissance.
C’est bien trop peu
A nos vues d’hommes.
Tu nous entraînes ainsi
Sur les routes du Père.
Tu dévoiles son cœur.
Trente ans de vie cachée,
Trente ans de dur labeur,
On n’entend pas ta voix,
Ou si peu, mais si juste.
Est-ce vraiment sérieux,
Un fils de charpentier ?
Et qu’attendre de bon,
Du bourg de Nazareth ?
C’est bien trop peu
A nos vues d’hommes.
Sans éclat, sans tapage,
Toi, levain dans la pâte,
Tu viens pour déployer nos vies.
Tu te tiens au plus bas,
A hauteur des humains,
D’abord chez les petits,
Les mal vus, mal aimés,
Ignorés, rejetés.
Tu fais d’eux, parmi nous,
Un rappel incessant,
Car ton amour attend
Que nous leur accordions
La place que tu veux,
La place qu’ils attendent.
Oui, l’ambition de Dieu,
Surgit résolument.
C’est bien trop peu
A nos vues d’hommes.
Tu nous dis seulement
Que renaître d’en haut,
Est à portée de tous.
Tu es si familier
Des contours de nos vies,
De nos tâtonnements,
Nos désirs et nos cris,
Qu’ils deviennent par toi
Semence ou levain
Qui libère les cœurs.
Dans ce peuple humilié,
Subissant l’occupant,
Tu viens faire renaître,
Grandir et se lever
Ceux qui s’adressent à toi.
Tu les rends clairvoyants ;
Tu restaures les liens ;
Tu brises les écarts.
Tu ravives la vie,
Celle qui vient de Dieu,
Celle qui est en Dieu.
Disponible pour tous,
Accessible pour tous.
De cet élan de vie,
De vie en abondance,
Tu laisses uniquement
De la paille, une croix,
Du pain, du vin, un tombeau vide,
Des traces au cœur des hommes,
Des paroles de feu,
Un élan inouï ;
Et tu n’écriras rien,
Sauf sur un coin de sable.
Tu ne dicteras rien,
Toi, le Verbe de Dieu en notre humanité.
C’est bien trop peu
A nos vues d’hommes.
Bien plus tard, quand l’Esprit,
Au cœur de tes amis,
Ravive la mémoire,
Eux, mettront par écrit
Le plus fort, le plus clair
De ton chemin de vie,
De ta Résurrection.
Tu t’es risqué ainsi
A nos appréciations,
Nos mots, nos souvenirs.
C’est bien trop peu
A nos vues d’hommes,
Pour tout dire de toi,
Pour témoigner de toi.
Ta confiance envers nous
Va jusqu’à cette audace :
Tu sais, pour nous toucher,
Tu veux, pour nous rejoindre
Que seuls nos mots suffisent.
Par eux, modestement,
Mais, délibérément
Se transmet ton élan,
Ton salut et ta paix.
Tu n’as que nos talents
Et nos fragilités.
Ce n’est jamais trop peu
Vu du côté de Dieu.
Noël 2008
André ETCHEVERRY
Richard HOLTERBACH
Le Prado Lyon.
Richard HOLTERBACH
Le Prado Lyon.
Aquarelle de Pierre Pragnères, Oloron.
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