22/06/2010

Mondial de football sur le sol africain

Billet de Mgr André Dupleix, secrétaire général adjoint de la Conférence des évêques de France, sur la Coupe du monde de football en Afrique du Sud (11 juin - 11 juillet 2010).

C'est bien en effet avec ce si bémol grave (à un comma près) que les désormais célèbres vuvuzelas - ou trompettes sud-africaines - font résonner les grands stades où se déroulent les matches de la Coupe du monde. Bourdonnement incessant aux limites du supportable, sauf si l'on considère que, paradoxalement, nous sommes davantage tolérants pour les bruits ininterrompus de nos cités ou les cent décibels et plus que nos oreilles sont tenues de supporter en de nombreuses circonstances.
Mais voilà : il s'agit ici d'une question culturelle ! Pourquoi pas, après tout ? Et comment, à l'occasion du premier Mondial de football sur le sol africain, ne pas rappeler la force symbolique considérable de cet événement, rendu possible par le long et permanent combat de tout un peuple pour mettre fin au régime d'apartheid, grâce aux hommes providentiels que furent et restent Nelson Mandela ou le charismatique archevêque anglican Desmond Tutu. Certes, là comme ailleurs en bien des lieux du globe, la paix demeure fragile, mais la compétition sportive qui rassemble actuellement des équipes du monde entier peut, à sa manière, contribuer à renforcer, par-delà les intérêts politiques ou économiques, une fraternité et une solidarité réelles entre les peuples et les personnes. Fraternité et solidarité en faveur desquelles aucun moyen n'est à négliger. Si les vuvuzelas - telles les non moins célèbres trompettes de Jéricho - peuvent faire écrouler ce qui reste de murs de haine, de suspicion ou de racisme, qu'elles continuent donc de résonner. Il faut beaucoup plus que quelques agacements passagers pour faire entendre d'autres sons que ceux des armes meurtrières ou faire disparaître les cris de violence bien plus assourdissants encore pour notre humanité, mais qui ne peuvent pour autant étouffer les battements du cœur ou anéantir la force de l'amour et de la réconciliation. Revenons un instant à la compétition. Il s'agit pour l'heure d'une coupe « en bémol » pour les bleus... Mais rien n'est encore perdu, au moins faut-il le croire... Ce qui est certain c'est qu'au point où nous en sommes, nos joueurs - qui bénéficient toujours de mon soutien - ont sans doute davantage besoin, pour être stimulés, du si bémol lancinant des trompettes que de la douceur de la harpe ou de la flûte à bec... Et que les meilleurs gagnent !
Mgr André DupleixSecrétaire général adjoint de la Conférence des évêques de France
NB. Ce billet a été rédigé avant que la situation ne se dégrade dans l'équipe de France.

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