A la Cathédrale d'Autun, la nuit de Noël, quand tout le monde est parti, tous les animaux de la Cathédrale descendent de leurs piliers : il y en a soixante-seize. Ils viennent vers la crèche, lorsqu'elle est jolie. Autrement, ils se mettent devant le chapiteau de la Nativité et ils dansent et ils chantent : Il est né le divin Enfant.
L'âne de la fuite en Egypte, qui est descendu en riant de la salle capitulaire, là où, autrefois, les chanoines se faisaient des discours, l'âne de la fuite en Egypte, qui est le plus subtil des animaux, monte en chaire et fait un sermon.
Une année, il fit le discours suivant:
« Mes frères, les hommes vont bientôt venir, vous allez remonter sur vos piliers, car les hommes, qui ne comprennent rien, ne comprendraient pas de vous voir ici. Ils se croient importants,, et ils ne sont pas capables de s'entendre ! Que chacun d'entre vous, par sa tenue, soit une prédication pour ces pauvres hommes qui me font un peu pitié. Voici ce que j'essaie de leur dire lorsqu'ils me regardent : Messieurs, je suis le seul être au monde qui soit heureux de son sort et qui ne cherche pas une autre place ; je voudrais que ce soit tout le temps la Fuite en Egypte. Je vous en prie, Messieurs, de temps en temps, faites comme moi, vous serez heureux.
De temps en temps, allez sur la route d'Égypte, mettez-vous du côté de celui qui est mis à la porte ; de temps en temps faites l'âne et portez Dieu. Ainsi soit-il. »
Et tous répondirent:« Deo gratias» et tous firent un salut au chœur, et tous remontèrent, chacun sur son pilier, l'âne le dernier, avec le sourire. (Le monde d'Autun, Denis Grivot-)
Etre heureux de son sort, se mettre du côté de celui qui est mis à la porte, porter Dieu en soi et autour de soi. N’est-ce pas un beau programme de Noël ?
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