06/04/2015

Message de Mgr Marc Aillet :

 "Pâques, la fête de l'Espérance"



  Nos familles, l’Eglise, la société connaissent bien des épreuves aujourd’hui qui engendrent de l’inquiétude et des peurs pour l’avenir. Nous sommes  confrontés à de telles impasses, à vues humaines. Il nous semble parfois que rien ni personne ne saurait débloquer telle ou telle situation familiale, sociale, économique, culturelle, ecclésiale qui nous laisse totalement démunis et impuissants. Et si nous nous tournons vers Jésus, nous pourrions à juste titre avoir le sentiment qu’il reste silencieux… et même parfois qu’il se plaît à nous corriger. N’a-t-il pas infligé de sévères corrections à son peuple, comme lorsqu’il chassait les marchands du Temple : 
« Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de trafic » (Jn 2, 16) ? L’évangéliste souligne même que Jésus ne se fiait pas à ceux qui crurent en son nom, ce jour-là : « Il n’avait besoin d’aucun témoignage sur l’homme ; lui-même, en effet, connaissait ce qu’il y a dans l’homme » (Jn 2, 24-25).

  Nous pourrions être tentés d’opposer à Jésus et à l’Eglise, qui semble parfois se faire le relais, par son enseignement et sa discipline, des corrections du Seigneur : « Quel signe peux-tu nous donner pour agir ainsi ? ». Comme en ce temps-là, Jésus pourrait nous répondre : « Détruisez ce Temple et en trois jours je le relèverai ! ». « Mais lui parlait du temple de son corps » (Jn 2, 19.21), commente l’évangéliste : c’est qu’il annonçait prophétiquement le Mystère de sa passion, de sa mort et de sa résurrection. Quand Jésus nous corrige, il ne nous condamne pas, ni ne nous détruit ; s’il n’hésite pas à nous corriger, parfois durement, c’est parce qu’il est toujours disposé à donner sa vie pour nous ! Alors nous trouverons dans son Mystère pascal la réponse à toutes les impasses de notre vie : lui seul peut se frayer un passage, c’est de sa Pâque que jailliront la lumière qui dissipe les ténèbres et la Vie qui est victorieuse de la mort !

 Le Mystère pascal de Jésus éclaire encore bien des débats qui agitent notre société, comme ce grave débat sur la « fin de vie » qui assombrit l’horizon de notre vivre ensemble et qui semble être passé inaperçu du plus grand nombre. Lamentable débat qui débouche sur l’approbation d’un texte de loi mortifère.

 C’est parce que nous croyons en un Dieu qui n’est pas indifférent à ce que nous vivons et souffrons, un Dieu qui s’est fait proche jusqu’à porter nos fardeaux, un Dieu « qui m’a aimé et s’est livré pour moi » (Ga 2, 20), un Dieu qui nous réconcilie avec lui et entre nous, que nous sommes dans l’espérance, quelles que soient les impasses de notre vie. Et en cette fête de Pâques, malgré les ombres qui planent sur l’Eglise et le monde, nous voulons chanter l’Espérance, « Cette petite espérance qui n’a l’air de rien du tout, cette petite fille espérance », si admirablement décrite par Charles Péguy :
 « Une flamme tremblotante a traversé l’épaisseur des mondes. Une flamme vacillante a traversé l’épaisseur des temps. Une flamme anxieuse a traversé l’épaisseur des nuits … Une flamme impossible à atteindre, impossible à éteindre au souffle de la mort ».

 Notre temps a besoin de témoins d’espérance. A travers son livre-entretien, « Dieu ou rien », le Cardinal Robert Sarah, ce confesseur de la foi devenu Préfet de la Congrégation pour le culte divin, qui a traversé, avec son peuple guinéen, les heures les plus noires de son histoire, nous donne un témoignage lumineux et revigorant pour redonner à notre Europe exténuée la vigueur de l’Espérance. Oui, Dieu ou rien, la vie ou la mort : Jésus est précisément vainqueur de la mort ! Il est ressuscité, il est vivant !  Amen, Alleluia !



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