Message de Mgr Marc Aillet :
"Pâques, la fête de l'Espérance"
Nos
familles, l’Eglise, la société connaissent bien des épreuves aujourd’hui qui
engendrent de l’inquiétude et des peurs pour l’avenir. Nous sommes
confrontés à de telles impasses, à vues humaines. Il nous semble parfois que
rien ni personne ne saurait débloquer telle ou telle situation familiale,
sociale, économique, culturelle, ecclésiale qui nous laisse totalement démunis
et impuissants. Et si nous nous tournons vers Jésus, nous pourrions à juste
titre avoir le sentiment qu’il reste silencieux… et même parfois qu’il se plaît
à nous corriger. N’a-t-il pas infligé de sévères corrections à son peuple,
comme lorsqu’il chassait les marchands du Temple :
« Enlevez cela d’ici.
Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de trafic » (Jn 2,
16) ? L’évangéliste souligne même que Jésus ne se fiait pas à ceux qui
crurent en son nom, ce jour-là : « Il n’avait besoin d’aucun
témoignage sur l’homme ; lui-même, en effet, connaissait ce qu’il y a dans
l’homme » (Jn 2, 24-25).
Nous pourrions être tentés
d’opposer à Jésus et à l’Eglise, qui semble parfois se faire le relais, par son
enseignement et sa discipline, des corrections du Seigneur : « Quel
signe peux-tu nous donner pour agir ainsi ? ». Comme en ce temps-là,
Jésus pourrait nous répondre : « Détruisez ce Temple et en trois
jours je le relèverai ! ». « Mais lui parlait du temple de son
corps » (Jn 2, 19.21), commente l’évangéliste : c’est qu’il annonçait
prophétiquement le Mystère de sa passion, de sa mort et de sa résurrection.
Quand Jésus nous corrige, il ne nous condamne pas, ni ne nous détruit ;
s’il n’hésite pas à nous corriger, parfois durement, c’est parce qu’il est
toujours disposé à donner sa vie pour nous ! Alors nous trouverons dans
son Mystère pascal la réponse à toutes les impasses de notre vie : lui
seul peut se frayer un passage, c’est de sa Pâque que jailliront la lumière qui
dissipe les ténèbres et la Vie qui est victorieuse de la mort !
Le Mystère pascal de Jésus
éclaire encore bien des débats qui agitent notre société, comme ce grave débat
sur la « fin de vie » qui assombrit l’horizon de notre vivre ensemble
et qui semble être passé inaperçu du plus grand nombre. Lamentable débat qui
débouche sur l’approbation d’un texte de loi mortifère.
C’est parce que nous croyons en
un Dieu qui n’est pas indifférent à ce que nous vivons et souffrons, un Dieu
qui s’est fait proche jusqu’à porter nos fardeaux, un Dieu « qui m’a aimé
et s’est livré pour moi » (Ga 2, 20), un Dieu qui nous réconcilie avec lui
et entre nous, que nous sommes dans l’espérance, quelles que soient les
impasses de notre vie. Et en cette fête de Pâques, malgré les ombres qui
planent sur l’Eglise et le monde, nous voulons chanter l’Espérance, « Cette
petite espérance qui n’a l’air de rien du tout, cette petite fille
espérance », si admirablement décrite par Charles Péguy :
« Une
flamme tremblotante a traversé l’épaisseur des mondes. Une flamme vacillante a
traversé l’épaisseur des temps. Une flamme anxieuse a traversé l’épaisseur des
nuits … Une flamme impossible à atteindre, impossible à éteindre au souffle de
la mort ».
Notre temps a besoin de témoins
d’espérance. A travers son livre-entretien, « Dieu ou rien », le
Cardinal Robert Sarah, ce confesseur de la foi devenu Préfet de la Congrégation
pour le culte divin, qui a traversé, avec son peuple guinéen, les heures les
plus noires de son histoire, nous donne un témoignage lumineux et revigorant
pour redonner à notre Europe exténuée la vigueur de l’Espérance. Oui, Dieu ou
rien, la vie ou la mort : Jésus est précisément vainqueur de la
mort ! Il est ressuscité, il est vivant ! Amen, Alleluia !
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