17/04/2010

Homélie de Pâques de Mr l'Abbé Daniel Décha, curé de la Trinité d'Oloron


--Cette fête de Pâques m’amène à rejoindre l’actualité dans deux domaines bien différents dont l’un a été surmédiatisé et le sera encore pendant un certain temps et un autre événement qui pour l’heure passe inaperçu dans les médias locaux et nationaux.

Tout d’abord le premier domaine qui occupe les médias et ne peut pas nous laisser indifférents.
"Cette année, affirmait le Cardinal André Vingt-Trois, lors de l’assemblée plénière des évêques de France à Lourdes, notre Eglise catholique célèbre Pâques dans un climat de suspicion et de tristesse. Elle est mise en accusation à la face des hommes."
" Quand ces affaires, écrivait dans son message Pascal Mgr Marc Aillet, touchent certains membres de l’Église nul ne saurait s’étonner du scandale produit chez beaucoup de nos contemporains ni du malaise ressenti par les fidèles catholiques." Et, il ajoutait : « Notre première pensée va vers les victimes qui nécessitent compassion, accompagnement et réparation. »
La Passion du Christ semble se prolonger même en ce Saint Jour de Pâques où nous célébrons la victoire du Christ sur le péché et sur la mort.
Si nous sommes dans la joie de la Résurrection du Christ, nous continuons à vivre sa Passion. Nous, les prêtres, qui devons être irréprochables, sains de corps et d’esprit. Et vous aussi qui êtes affectés par cette vague médiatique. Vague qui touche en particulier, la personne du Pape Benoit XVI et qui nous atteint tous en profondeur.
Nous sommes 20 000 prêtres et religieux en France sur une trentaine de prêtres et de religieux concernés par ces abus. Ces prêtres purgent la peine à laquelle ils ont été condamnés, conformément à la Loi. "C’est beaucoup trop," disait Mgr André Vingt-Trois dans son homélie de la messe chrismale. Mais alors pourquoi jeter l’opprobre sur l’ensemble du clergé diocésain et religieux ?
C’est bien dans un climat de suspicion et de tristesse que nous célébrons Pâques.
Le découragement et le doute pourraient alors nous envahir, nous aussi.
Pourtant la puissance de Dieu est à l’œuvre en Jésus-Christ. Le message Pascal est éblouissant. Il nous vient des apôtres. Ceux qui l’ont suivi. Même si le désarroi et le doute ont eux aussi envahi leur esprit au calvaire. Le premier jour de la semaine, tout a basculé après l’annonce des femmes venues embaumer le corps de Jésus.
Ce message pascal nous le recevons de Pierre : " Et nous, les Apôtres, nous sommes témoins de tout ce qu'il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. Ils l'ont fait mourir en le pendant au bois du supplice. Et voici que Dieu l'a ressuscité le troisième jour. Il lui a donné de se montrer, non pas à tout le peuple, mais seulement aux témoins que Dieu avait choisis d'avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d'entre les morts."
Nous ne devons jamais désespérer. Notre confiance est en Christ, Fils de Dieu. Et même si nous complétons dans notre chair les souffrances du Christ par la passion que traverse l’Église plus particulièrement en ce moment de notre histoire humaine, nous avons l’assurance que Dieu est vainqueur du péché et le dernier ennemi qu’il a mis à bas, c’est la mort.
J’aime à faire résonner dans nos assemblées ce verset de la lettre aux Ephésiens commenté par le Concile Vatican II. « Le Christ a aimé l’Eglise et s’est livré pour elle afin de la sanctifier. Il voulait se la présenter sans taches ni rides, sainte et immaculée. C’est par le Christ et dans le Christ que s’éclaire l’énigme de la douleur et de la mort, qui hors de l’Evangile nous écrase. »
Quelle que soit la situation présente, nous ne pouvons être écrasés. Si nous sommes fidèles au Christ, à son Évangile, lui aussi est fidèle. En Bon Pasteur, il nous conduira sur le chemin de la sainteté.
Quel est le ce deuxième domaine qui passe hélas inaperçu et dont nous devons tenir compte en cette fête de Pâques?
D’après vous, sommes-nous les seuls à annoncer la Résurrection du Christ ?
Sommes-nous les seuls à proclamer le Christ vainqueur de la mort et du péché ?
Vous le savez la date de Pâques est la même pour l’ensemble de la chrétienté. La concordance du calendrier permet aux Chrétiens – anglicans, arméniens, baptistes, catholiques, évangéliques, luthériens, orthodoxes, réformés… – de fêter Pâques le même jour.
Ce Vendredi Saint, comme chaque année nous nous retrouvions dans l’église Sainte Croix avec les chrétiens d’origine protestante et évangélique. Nous commémorions la passion et la mort du Christ. Ce dimanche, chaque communauté célébrera la Résurrection du Christ. Notre foi commune, si elle porte des accents particuliers, singuliers prend sa source dans le même Évangile : le témoignage des apôtres auquel je faisais référence. Le témoignage de Pierre et de Jean qui coururent de bon matin vers le tombeau. Il était vide. Cependant le plus jeune des apôtres, Jean vit le tombeau vide et il crut.
Nous croyons au Christ vainqueur du péché et de la mort. Nous croyons à la puissance de l’Évangile. Nous croyons que notre vie a un sens.
Les manières dont nos églises chrétiennes célèbrent ne s’opposent pas, elles se complètent. La recherche de l’unité ne passe pas dans l’uniformité. Cette unité voulue par le Christ, se réalisera selon son dessein. En attendant, œuvrons pour l’unité par la rencontre, la prière, l’action commune, le respect et l’écoute mutuelle. Célébrons dans la joie la résurrection du Christ.

En contemplant le Christ en Croix, nous contemplons l’humanité blessée et meurtrie par le péché.
En contemplant le Christ en croix, nous contemplons celui qui est à l’œuvre en ce monde et lutte contre les forces de mort, contre le Mal, Satan.
En contemplant le tombeau vide, nous mesurons la force de vie qui émane de Celui qui est allé jusqu’à l’extrême de l’amour.
En contemplant, le tombeau vide, nous contemplons le Sauveur du monde.
Le Christ est ressuscité, Alléluia, il est vraiment ressuscité, alléluia !
( homélie publiée avec l'autorisation de Mr l'Abbé Décha)

Aucun commentaire: