JOYEUSES ET SAINTES FÊTES DE NOËL!
24/12/2013
Mort et naissance à Noël. (Abbé Jean Casanave)
« J’ai du mal avec Noël, trop de deuils m’ont frappée dans cette période » me disent Christine et Anne. Deux jeunes enfants de mon canton passeront Noël sans leur papa et deux autres, bien près de moi, sans leur maman. Des dizaines de petits Centrafricains passeront un Noël d’orphelins… La mort, autrement dit le passage en l’autre Vie, n’est pas étrangère à la naissance….
Dans un effort de lucidité, ma raison peut admettre la mort, la mort en général. Les scientifiques diront qu’elle est la condition de la vie. Mais cette même raison s’insurge devant l’absurdité de la mort en particulier ; celle qui a pris un nom, celui d’un époux , d’une mère, d’un grand père. Qu’elle survienne à vingt ans ou à quatre vingt dix ans, nous avons le sentiment qu’elle nous vole quelque chose que l’on pouvait encore espérer, ne serait-ce que ces derniers mots que nous aurions encore voulu prononcer. Nous cognons sur le mur de l’absurde où il est écrit:
« Pourquoi la vie, si c’est pour mourir »! Et plus largement encore :
« Pourquoi de l’être pour ne pas être ! »
Le langage courant traduit bien ces deux attitudes devant la mort.
« C’est la vie » dit-on parfois pour en souligner la fatalité et presque la banalité; mais « plus rien ne sera comme avant », quand on en retient la perte irrémédiable qu’elle provoque.
Pour bien prendre la mesure du non sens que la mort oppose à toute entreprise humaine, il faut évacuer de notre esprit toutes ces banalités que nous échangeons en pareilles circonstances. Elles se veulent consolatrices, elles ne font que combler le vide qui nous apeure. Certains d’entre nous, plus courageusement, vont jusqu’à éliminer également toutes ces compensations imaginaires qui nous font rêver une après-vie. Ils se concentrent sur un seul impératif: donner un sens à la vie présente . Mais quel sens peut-elle avoir si le néant l’attend au coin du bois.
Il n’est pas étonnant, alors qu’une majorité de nos contemporains, et nous en faisons parfois partie, fermant délibérément les yeux sur l’avant et sur l’après, se réfugie dans la bulle de l’instant et n’observe qu’un seul commandement :
« profite du moment présent ». Un peu comme si les résultats obtenus par le génie de l’humanité, comme si le gigantesque effort des hommes et la somme de toutes les leurs souffrances accumulées, en étaient réduits à la jouissance de la cigarette du condamné. Ainsi mise à nue, la radicalité de la mort donnerait raison à l’auteur du livre de l’Ecclésiaste, qui ne cesse de répéter:
« De tout ce que j’ai vu sous le soleil, rien ne vaut la peine car tout est vain ». Malgré ce sombre diagnostic, l’homme, depuis son origine, refuse l’évidence du verdict.
Pour vaincre la précarité de son existence, il s’est donné des dieux censés lui apporter l’immortalité. Un spécialiste des religions a pu affirmer que l’homme était une machine à faire des dieux. Le sommet de cette entreprise a certainement été atteint dans l’Egypte ancienne.
Ces jours ci, à Pau , Akhenaton, Ramsès II, Toutankhamon et leurs sublimes épouses nous ont rendu visite par le truchement de splendides copies réalisées par le musée du Caire. Nous avons pu voir ce que l’humanité a inventé de mieux pour dire non à la mort, pour proclamer à la face de l’univers que l’homme n’était vraiment lui-même, que lorsqu’il mettait en œuvre cette idée d’infini, totalement incongrue, dont on ne sait d’où elle vient, qu’il porte en lui, alors que tout en lui et autour de lui est fini, limité, périssable. Et si l’homme était plus que l’homme, semblaient nous dire ces colosses de pierre, ces sarcophages dorés, ces visages immobilisés dans une beauté codifiée et à tout jamais immortalisés !
Sortant de l’exposition, je me demandais :
« Pourquoi le Dieu en qui j’ai mis ma foi n’a-t-il pas profité de ce moment inégalé de l’histoire pour s’incarner dans une de ces dynasties ? Le monde aurait été déjà à ses pieds ! Des preuves irréfutables de son existence et de son œuvre auraient survécu pendant 3000 ans et plus encore ! Mais pourquoi, aussi, ces dieux à l’image de l’homme me ressemblaient si peu ? »
C’est à côté, dans un peuple marginal que notre Dieu a vu le jour. Il a pris le visage d’un petit enfant, celui d’un homme qui passait, faisant le bien, il pris le masque du souffrant, il a poussé le râle du mourant. Rien à voir avec l’impassibilité des géants figés dans leur puissance. Comparé aux divinités fabriquées par nos intelligences, notre Dieu ne fait pas très dieu. Une mangeoire en guise de trône, un bâton de pèlerin lui sert de sceptre, il touche le lépreux, une croix souillée de sang à la place d’un sarcophage, un tombeau d’emprunt au lieu d’un mausolée.
Pourtant ce Dieu là n’est pas la caricature de l’homme. Il me ressemble. A relire son histoire dans l’Evangile, je vois que Jésus mon Seigneur a pris les mêmes chemins que les miens, s’est posé les mêmes questions que moi, a voulu soulager misère et maladie, nous a laissé un programme d’une vie autre. Malgré cela, la mort l’a suspendu au gibet. Que reste-t-il de lui ? Rien.
Rien ! Si ce n’est cette source inépuisable et divine de Vie et d’Amour qui nous transcende et qui fait que nous sommes là, pour offrir la gerbe de ces sommets et de ces creux qui ont fait cette vie. Nous sommes là, soutenant une maman meurtrie, consolant des enfants un peu perdus. Nous sommes là, non pour jeter un défi orgueilleux à la mort mais pour la plonger dans le bain d’Amour de Celui qui l’a vécue et vaincue pour en faire une nouvelle naissance.
Alors, en nous dégageant de nos idoles confortables et familières qui nous proposent une immortalité de pacotille, allons vers Noël, allons cueillir chez le pauvre de Bethléem, l’Amour qui, seul, peut faire fleurir les branches mortes de nos vies.
Heureux et beau Noël pour nos naissances à mourir et dans nos morts à naître…
21/12/2013
NOEL 2013
Message de Mgr AILLET
Pour écouter le message cliquez ICI
La naissance de Jésus a bouleversé l’histoire des hommes en lui donnant son sens ultime et son orientation définitive : Dieu est entré dans notre vie pour que nous échappions à l’enfermement du Cosmos et du péché et entrions dans sa vie qui est éternelle !
Si cet événement nous ouvre un avenir d’espérance, au-delà de la mort, il jette toutefois une vive lumière sur notre vie présente, jusque dans ses implications sociales. Par sa Nativité dans la pauvreté et l’humilité, Jésus donne aux plus petits et aux plus fragiles la première place dans la société des hommes et il nous recommande d’en prendre soin. Dans le nouveau-né de la crèche, blotti dans les bras de Marie sa mère et sous le regard attendri du juste Joseph, chacun peut entendre Dieu lui chuchoter à l’oreille : « Tu es précieux à mes yeux et je t’aime » (Is 43, 4).
Noël, c’est une lumière qui se lève sur un monde dominé par la « culture du déchet » (Pape François), où les plus faibles, depuis la conception jusqu’à la mort naturelle, en passant par tous les stades du développement, sont continuellement sacrifiés aux intérêts égoïstes des puissants. Je pense aux chrétiens du Moyen Orient, en particulier aux enfants de Syrie ou à la situation des chrétiens de Centrafrique (1) qui vivront ce Noël dans la terreur et l’angoisse. En contemplant l’Enfant Jésus de Bethléem, nous sommes appelés à convertir notre regard et à nous engager concrètement en faveur des plus pauvres, ceux qui sont rejetés ou laissés sur le bord de la route.
Les prochaines échéances électorales – municipales et européennes – nous donneront ainsi l’occasion de participer de manière responsable à la promotion du Bien commun qui peut seul garantir la dignité de toute personne humaine sans exception, à commencer par les plus petits. Si l’on doit saluer le dévouement et l’abnégation de nombreux élus de proximité, en particulier dans les zones rurales, nous ne serons pas moins attentifs à soutenir des candidats clairvoyants sur les grands défis sociétaux de l’heure et pour lesquels la mobilisation des citoyens a connu, ces derniers mois en France, une ampleur sans précédent. Qu’on pense à l’initiative citoyenne européenne,«Un de nous », pour protéger l’embryon (2) ; ou bien à la « Manif pour tous » pour promouvoir le mariage et la famille et défendre les droits de l’enfant, sans condamner quiconque ; ou encore la révolte fiscale emblématique des « bonnets rouges » pour défendre l’emploi et les petites et moyennes entreprises étranglées par une politique économique qui fait de la fiscalité son arme principale et dont les intérêts dépassent largement nos frontières régionales et nationale. Autant d’illustrations de ce sursaut des consciences qui a sonné le réveil de la France réelle ou de la société civile face aux visées d’un microcosme politico-médiatique exposé à la tentation de l’intérêt et du pouvoir.
L’itinéraire de l’Etoile de Noël à travers la ville de Bayonne, du 1er au 31 décembre, s’achèvera opportunément dans notre cathédrale. C’est là que ce symbole trouvera tout son sens. Jadis elle avait guidé des Mages venus d’Orient jusqu’à la crèche de Bethléem. Contre toute attente, quand ils virent l’enfant avec Marie sa Mère, ces « Rois » qui étaient puissants par le savoir, le pouvoir et la richesse, se prosternèrent devant lui et l’adorèrent (cf. Lc 2, 10). Ils se détournèrent définitivement de la prétention à changer le monde par leurs propres forces et ils se mirent humblement au service de la seule Révolution jamais capable de sauver les hommes, celle que le Christ accomplit par sa mort et sa résurrection, en vue de bâtir la civilisation de la paix et de l’amour.
Joyeux Noël à tous !
Bonne et sainte année 2014
+ Marc AILLET,
Évêque de Bayonne, Lescar et Oloron.
-------------------------------------
La
Trinité d'Oloron
- Oloron Sainte Marie

Célébration
pénitentielle avec absolution individuelle
Lundi 23 décembre 15h
Sainte Marie - 19h à Notre Dame.
************
Tous les jours à 9h00 - Messe
au Carmel.
Lundi 23 décembre 18h30
Messe à Sainte-Marie.
-
Nativité du Seigneur -
Mardi 24 décembre :
- 17h Sainte-Croix Veillée-messe de Noël en béarnais
-19h30 Notre-Dame
Veillée-messe de Noël animée par les enfants du catéchisme.
-22h30 Sainte-Marie Veillée-messe de la Nuit.
Mercredi 25 décembre
:
-9h Messe au Carmel
-10h30 Messe à Sainte-Marie
-18h
Vêpres en français, suivies de la messe à 18h30 à Ste-Croix.
Jeudi 26 décembre 18h Prière à Saint-Pée.
18h30 Messe à Soeix.
Vendredi 27 décembre
18h30 Prière de louange Ste-Marie.
-
Sainte Famille -
Samedi 28 décembre 15h Messe à l'hôpital
18h30 Messe
à Notre-Dame.
Dimanche 29 décembre 9h
Messe au Carmel
10h30 Messe à Sainte-Marie
18h30 Messe à Sainte-Croix.
-----------------------------------------
-Saint Jacques du Piémont - Gurmençon

Sacrement du pardon
Lundi 23 décembre 10h à 11h à Géronce
Mardi 24 décembre 10h à 11h à Gurmençon
-Nativité
du Seigneur -
Mardi 24 décembre :
19h
Gurmençon Veillée messe de la nuit de Noël (Jean Rousseu)
Mercredi 25 décembre :
10h30 Géronce Messe de Noël (I.P. demandée, Famille Bellocq-Capdepon)
Jeudi 26 décembre 9h Messe à Eysus (I.P.)
-
Sainte Famille -
Samedi 28 décembre 17h30 Messe à Orin (Famille Nazom)
Dimanche 29 décembre
07/12/2013
CONFERENCE DE MGR HOUSSET
Évêque de La Rochelle et Saintes
Président du Conseil pour la Solidarité de la Conférence des évêques de France
Président du Conseil pour la Solidarité de la Conférence des évêques de France
DIACONIA – FRATERNITE
PAU et ABBAYE DE BELLOC – 29 - 30 novembre 2013
EXTRAITS
"Comment définir la diaconie ? C’est servir les autres comme le
Christ les sert. Ou bien, c’est essayer d’avoir avec ses frères et ses sœurs la
même relation que le Christ...
I. COMMENT
SERVIR LA FRATERNITE DANS LA CHARITE DU CHRIST ?
1. L’Eglise est appelée à être fraternelle, à
devenir une Eglise de frères et de sœurs.
Dans son premier livre paru en
1962 et réédité par le CERF lorsqu’il est devenu pape en 2005, qui s’intitule
« Frères dans le Christ », le jeune théologien Joseph Ratzinger écrit :
« Reconnaitre qu’Eglise et fraternité sont équivalents, que l’Eglise qui
s’accomplit dans la célébration cultuelle, l’Eucharistie, est essentiellement
une communauté fraternelle, c’est exiger que l’Eucharistie soit célébrée, même
concrètement, comme un culte fraternel... L’Eucharistie doit redevenir
visiblement le sacrement fraternel pour que puisse se déployer toute sa force
d’édification communautaire ». Nous n’en sommes pas encore là. Et quand il
dit « doit redevenir », il montre une belle direction. Bien sûr, des
efforts sont accomplis. Par exemple, lors d’une messe, on propose aux fidèles
de commencer par se saluer, d’échanger quelques mots, de s’intéresser à leur
voisin avant que le célébrant fasse la salutation liturgique. C’est sans doute
plus facile dans les paroisses rurales que dans les grandes paroisses urbaines.
Il y a là surement quelque chose qui se cherche : que notre communauté
devienne vraiment la communauté d’un sacrement fraternel.
Dans cette communauté
fraternelle, quelle est la place des plus démunis ?
C’est ce que la
démarche Diaconia a voulu montrer fermement : nos communautés doivent
faire un effort pour s’ouvrir à ce niveau. Bien sûr, il faut prendre en compte
ce qui se fait depuis des décennies, en particulier grâce au Secours Catholique
et à d’autres organismes, à beaucoup de paroisses qui, au moment du Carême,
développent l’attention aux pauvres, qu’ils soient proches ou lointains comme
avec le CCFD. Nous nous posons souvent la question : que manque-t-il aux
pauvres et que pourrions-nous leur donner ? Ne pourrions-nous pas
aussi nous poser la question : que manque-t-il dans nos communautés
eucharistiques lorsque les plus pauvres ne sont pas là ? Le père Joseph Wresinski,
fondateur d’ATD – Quart Monde,
dont le procès de béatification est en cours, dit :
« Tout au long de mon sacerdoce, j’ai espéré
ramener les plus pauvres au cœur de l’Eglise en proclamant leur vie et ce
qu’ils vivaient déjà du dessein de Dieu ». Est-ce que nous sommes
capables d’accueillir, chez les personnes en situation de précarité, leur
expérience de Dieu ?
Il y a deux ans, j’ai participé à
l’Institut Catholique d’Angers à un colloque universitaire sur la Diaconie avec
des personnes de haut niveau, philosophes, théologiens, sociologues. Le doyen
de la Faculté de Théologie a eu l’idée de demander à des personnes qui
appartiennent à un groupe
« Place et Parole des Pauvres » de venir présenter
le chemin de croix qu’elles avaient réalisé dans une paroisse. Ces groupes
« Place et Parole des Pauvres », grâce au père Wresinski,
ainsi qu’au groupe SAPEL de Lyon, au Secours Catholique, se sont mis en place
un peu partout en France. Dieu sait si j’en ai prêché des chemins de croix,
depuis le temps que je suis prêtre et évêque, Dieu sait si j’en ai entendus. Croyez
moi, j’ai été touché, bouleversé par le commentaire des stations du Christ,
dans sa Passion et sa Résurrection, par ces personnes. J’ai conservé ce chemin
de croix et je le médite souvent parce qu’il m’a fait progresser dans la
découverte de Dieu. C’est cela justement que Diaconia nous fait
découvrir : les plus humiliés de notre société nous révèlent quelque
chose du cœur de l’humilité de Dieu. Car Dieu est humble, son amour tout
puissant ne s’impose pas, mais il se propose humblement, comme le Christ au lavement
des pieds. Plus un amour est tout-puissant, plus il est humble. Dans la mesure
où nos communautés deviennent plus accueillantes, plus fraternelles avec les
rejetés de la société, non seulement nous reconnaissons ces personnes comme des
personnes à part entière, mais nous profitons de leur expérience de Dieu pour
mieux connaitre le cœur de Dieu.
Nous pouvons nous poser la
question : « Qu’est-ce que l’autre me révèle de Toi, Seigneur ?
Qu’est-ce que le plus pauvre me révèle de Toi ? » Je suis persuadé
que personne n’est trop pauvre pour n’avoir rien à dire, ni n’avoir rien à
partager de son expérience de Dieu. Oui, l’Eglise est communauté fraternelle,
et elle le deviendra de plus en plus dans la mesure où nos paroisses, nos
mouvements, nos aumôneries s’ouvriront à ceux et celles qui sont mis à l’écart
par notre société. Beaucoup de chrétiens essaient de tendre la main à ces
personnes et de recevoir leurs mains pour qu’ensemble ils fassent un bout de
chemin. Mais il y a sûrement à progresser encore dans la découverte de Dieu les
uns par les autres.
Je me souviens de ce
témoignage : une personne avait été aidée par un organisme de solidarité.
Elle disait : on m’a reconnue, on m’a écoutée, on m’a donné de quoi me
loger, de quoi me nourrir, un travail. Mais il y a quelque chose que l’on ne
m’a jamais demandé, c’est ma relation à Dieu. Et bien justement, nous serons
une communauté fraternelle dans la mesure où aussi la relation à Dieu sera
exprimée par chacun, sera partagée par tous.
Je voudrais vous donner le
témoignage de personnes de ces groupes Place et Parole des Pauvres.
D’abord lors de la première conférence
de presse, en janvier 2011, à la maison des évêques, pour le lancement de la
démarche Diaconia Servons la fraternité :
« Nous voudrions que le commentaire de la Parole de Dieu soit accessible,
non seulement à ceux qui sont dans l’église, mais également à ceux qui font la
manche dehors ». Je pense souvent à cette demande en préparant mes
homélies.
Laurence
« La diaconie, on s’est demandé ce que cela voulait dire. Et puis on a
compris : c’est le service, l’aide, c’est l’écoute, être avec les autres,
c’est un service d’Eglise pour les personnes abimées à cause de la maladie, le
deuil, la prison, les accidents de la vie, les injustices, le chômage, la vie.
C’est une façon d’être, une attention à tous ceux qui n’ont pas trouvé leur
place dans la vie et même pas dans l’Eglise. Je me rappelle que sur la porte
d’une église, il y avait un tag et on pouvait lire « ouvrez la porte, Dieu
est à tous ».
Elle continue : « Diaconia c’est réveiller l’Eglise à une
autre dimension. C’est une manière de suivre le Christ dans sa manière à Lui
d’être avec les plus pauvres ». J’insiste beaucoup là-dessus. La
diaconie, ce n’est pas simplement un service social. Pour nous, chrétiens,
c’est davantage. C’est faire comme le Christ. C’est recevoir sa charité pour la
pratiquer, c’est suivre le Christ. Parce que lui, Jésus, a traversé le même
chemin que les pauvres. « Il faut
savoir aller vers les gens, enlever la honte de ne pas être instruit, de ne pas
avoir peur d’entrer dans l’église. L’amour commence là ».
On sent bien que, dans le
prolongement de Diaconia, il ne faut pas mettre en place de nouvelles structures
et des choses extraordinaires, il faut continuer de faire ce que l’on fait déjà
mais en approfondissant la dimension de la rencontre avec Dieu. Et peut-être,
en mettant au point ces petites fraternités de partage de la Parole, où des accueillis
et des accueillants sont à égalité pour se dire à quoi Dieu nous appelle
aujourd’hui.
Je sais aussi qu’au rassemblement
de Diaconia à Lourdes, beaucoup ont été frappés par le fait que, durant la
première partie de la messe, évêques et prêtres, nous étions avec nos
délégations pour écouter la Parole de Dieu et nous enrichir les uns les autres
par ce partage fraternel.
Alain, un autre
intervenant : « quelqu’un de
notre groupe disait : quand on voit les plus riches, quelquefois on a la
haine. Pour moi, ce qu’il faut, c’est le pardon. Mais il faut apprendre le
pardon, apprendre à aller vers eux et leur pardonner. Il faut arriver à se
dire, ils sont comme nous, les riches, ce sont des êtres humains ».
Marie-France :
« Une manière dont le Christ se met
au service des autres, c’est de leur donner la parole. Notre groupe Place et
Parole des Pauvres, en nous écoutant et en nous respectant, c’est déjà un geste
de Diaconia. C’est un peu le terreau de l’Esprit Saint de Diaconia... L’amour
des riches vers les pauvres, c’est de demander un service plutôt que de leur
donner des choses. La charité que j’attends, c’est un partage plus qu’un don.
Quand je ne peux pas rendre, cela me gêne ».
C’est ainsi que nous pourrons
développer une Eglise plus fraternelle, une Eglise de frères et de soeurs.
2. Cette fraternité à vivre dans la
charité du Christ, elle est d’abord dans
les relations entre personnes.
Beaucoup de choses se font,
depuis la voisine qui fait les courses pour la personne malade ou âgée, jusqu’à
l’entraide scolaire, etc. Toutes ces petites choses sans lesquelles notre
société serait impossible à vivre.
Il y a quelques mois, dans mon
diocèse, s’est déroulé un rassemblement de 210 enfants dont le thème était Solid’amitié
(jeu de mots avec solidarité). J’ai été émerveillé et j’ai rendu grâce avec eux,
lors de l’Eucharistie finale, pour tout ce qu’ils ont su dire avec leurs mots
d’enfants. Grâce à leurs animateurs de catéchèse, grâce aux chrétiens de leurs
familles, ces enfants ont su déjà pressentir que vivre la foi, c’est la mettre
en pratique avec les autres. Je me souviens d’un garçon qui disait :
« Dans ma classe, une fille est très
grosse, tout le monde se moque d’elle. Moi, depuis Noël, j’ai compris que Jésus
m’appelait à la défendre pour qu’on ne se moque plus d’elle ».
Chacun de nous est attentif aux
autres, fait beaucoup de petites choses. Nous pouvons, aujourd’hui, rendre
grâce pour tous ces services de fraternité que nous accomplissons. Je le
répète, il ne s’agit pas de faire des choses extraordinaires. Chacun agit en
fonction de sa compétence, de son emploi du temps, de son tempérament. Rien
n’est inutile : tout acte de charité est fécond et construit le Royaume de
Dieu, puisqu’il vient de Dieu et va à Dieu.
3. Nous
avons aussi à servir la fraternité dans
la charité du Christ par l’action commune, grâce à des associations.
L’Eglise de France dispose de 14 organismes
catholiques qui sont coordonnés par le Conseil pour la Solidarité. Je les cite
dans l’ordre de leur création : Ordre de Malte, Saint Sépulcre, Œuvre
d’Orient, Equipes Saint Vincent, Société Saint Vincent de Paul, CORREF,
Coopération Missionnaire, Secours Catholique, CCFD, DCC, Orphelins-Apprentis
d’Auteuil, AED, Pastorale des Migrants, Fidesco.
Des chrétiens agissent aussi,
nombreux dans des associations non confessionnelles. Nous n’avons pas à les
récupérer, mais nous avons à rendre grâce au Seigneur parce que l’Esprit Saint
agit à travers elles, sans que ses membres le sachent. Mais il est important
que les chrétiens présents dans ces associations non confessionnelles
découvrent qu’en servant leurs frères, ils servent le Christ (Mat. 25). Ils les
serviront d’autant mieux qu’ils sont de plus en plus unis au Christ, par la
méditation de la Parole, les sacrements, la prière commune, la charité
renforçant leur union au Christ.
Tout cet ensemble important, les
relations interpersonnelles, les relations par les associations, rend notre
monde plus humain, l’humanise pour que le Christ puisse le christifier, le
diviniser petit à petit.
4. J’en arrive aussi pour ce service de la
fraternité à l’action politique, au
sens noble du terme, celle dont le pape Pie XI disait « C’est le champ de la plus vaste charité ».
Le Secours Catholique parle d’action institutionnelle.
A beaucoup de niveaux, le champ
politique est en difficulté, se cherche, est incertain. On a tendance à trop critiquer
les élus, à tous les niveaux. Les grandes encycliques, « Dieu est
Amour » , « L’Amour dans la Vérité » de Benoit XVI, dans le
prolongement de l’encyclique sociale Sollicitudo Rei Socialis
de Jean-Paul II, parue en 1987, et du concile Vatican II, toute cette doctrine
sociale de l’Eglise nous invite, non seulement à respecter le champ politique,
mais à le mettre en valeur. Il est nécessaire. Nous, catholiques, nous sommes
invités à nous intéresser à la dimension politique et, si nous en avons les
capacités, à nous investir dans l’action politique. Car nous ne pouvons pas
nous contenter de soigner les conséquences de la pauvreté, nous devons agir sur
les causes de la précarité, de la fragilité, à tous les plans : économique et
industrielle, familiale et relationnelle (comment sommes-nous intéressés par ce
qui est aujourd’hui la pastorale familiale, avec les conseillers conjugaux,
l’éducation affective, relationnelle et sexuelle, si importante pour la
structuration et l’équilibre des personnes ?), le vivre ensemble,
l’inter-religieux, les droits de l’homme, les structures de péché (comme le
chapitre V de Jean-Paul II, rédigé par lui-même, le développe dans l’encyclique
dont j’ai parlé). Nous devons, nous, catholiques, être attentifs à tout cela.
C’est difficile, j’en conviens. Parfois, nous sommes un peu écrasés par cette
complexité. Mais nous devons être présents dans ce champ politique, nous devons
travailler la pensée sociale de l’Eglise et nous devons éveiller, éduquer à
cette action politique.
II- COMMENT POURSUIVRE LA DYNAMIQUE DE DIACONIA ?
Chaque diocèse fait ce qu’il peut
à partir de ce qu’il est et de ce qu’il fait, c’est évident.
1- En premier lieu, suivons davantage le
Christ, par la prière, la méditation de la Parole, la vie eucharistique.
Soyons de plus en plus unis à Lui
grâce à son Esprit-Saint. Nous recevrons ainsi la fraternité qui est désirée
par son Père depuis toujours. Pas simplement « Osons la fraternité »,
mais « Servons la fraternité », car elle est d’abord don de Dieu.
2.Recherchons la fraternité avec les plus fragiles,
sans exclure personne.
On parlait un temps de l’option prioritaire pour les
pauvres. Mais il a semblé parfois que cette expression pouvait exclure des
personnes. Le Christ nous dit « Le Royaume est là quand les pauvres sont
évangélisés », c’est-à-dire ceux auxquels on ne pense pas, ceux dont
l’Eglise est le plus loin. Recherchons la fraternité avec eux, soyons
accueillants aux plus précaires, personne n’est trop pauvre pour n’avoir rien à
partager.
Des exemples tout simples de
diaconies :
Porter la
communion aux personnes le dimanche, après la messe,
Accueillir
avec respect dans nos célébrations et nos groupes d’Eglise quelqu’un qui ne
sait pas lire. Il parait que 8% de jeunes actuellement sont illettrés en France.
Témoignons-leur l’estime de Dieu à leur sujet.
Favoriser les
tables ouvertes dans les paroisses, elles se développent.
Soutenir des
projets dans les Pays du Sud, avec Caritas Internationalis ou le CCFD, etc, etc.
Une multitude de pratiques de
fraternité, qu’elles soient un engagement provisoire ou régulier.
3. Acceptons
de recevoir des personnes en situation de précarité. Elles ont à nous apporter
sur le plan spirituel. Les humiliés de notre société nous font découvrir
l’humilité de Dieu.
Par exemple, lors de partages
dans des groupes de la Parole de Dieu. Ils sont assez faciles à mettre en
place. Le rassemblement de Lourdes en mai dernier nous en a donné la
démonstration. Dans le texte qui a suivi le synode romain sur la Parole de
Dieu, au n° 107, il est dit : « L’Eglise
ne peut décevoir les pauvres. Les pasteurs sont appelés à les écouter, à
apprendre d’eux. Puis à les guider dans leur foi, à les motiver pour qu’ils
soient des artisans de leur propre histoire ».
4. Favorisons des relations croisées entre
tous les acteurs pastoraux.
Ceux qui sont dans l’annonce du
Christ, dans la célébration du Christ, dans le service de la société au nom du
Christ. Que les uns et les autres découvrent que leur foi se vit dans la
charité. Ou en d’autres termes, que le sacrement de l’autel, pour être vraiment
complet, doit aboutir au sacrement du frère. Et réciproquement, que le
sacrement du frère ait sa source dans l’amour de la Trinité. Bref, des
fécondations réciproques entre les acteurs des trois axes de l’unique mission
de l’Eglise.
5. Que nos communautés chrétiennes ne cessent
jamais de prêter attention à tous les groupes humains dans lesquels elles sont
implantées.
Notre mouvement spontané est de nous
replier sur nous, de passer tout notre temps à nous animer. Il faut le faire,
bien sûr. Mais notre pape François nous dit bien que nous devons aller aux
périphéries. Ne soyons pas des communautés auto-référentielles, qui se réfèrent
à elles-mêmes. Non, le Christ nous pousse à sortir. N’oublions jamais que nous
sommes au service de tous, même si aujourd’hui beaucoup ne sont pas chrétiens,
sont indifférents ou ne semblent pas s’intéresser au Christ. Développons une
culture permanente de la fraternité évangélique qui est universelle.
Continuons à être pèlerins de
l’inépuisable charité de la Trinité, continuons à être acteurs de la
fraternité. Nous sommes sûrs que nous la réaliserons, car elle nous est donnée
et nous pouvons, en la recevant, la construire avec les autres.
+
Bernard Housset
Evêque
de La Rochelle et Saintes
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