«
Galilée carrefour des païens » et c’est justement dans cette région suspectée
de mauvaises fréquentations que Jésus inaugure sa mission et appelle
ses apôtres. C’est de là que « la grande lumière qui brille dans les ténèbres
» annoncée par Isaïe doit se répandre sur tous les peuples.
Notre
pape François nous a gratifiés d’une Exhortation pour nous encourager
à devenir à notre tour des «disciples-missionnaires». Le disciple
est celui qui suit (Le Christ) le missionnaire celui qui sort(vers les autres).
Chaque chrétien est « disciple-missionnaire » pour que toute l’Eglise se
maintienne en état d’évangélisation.
Mais pourquoi évangéliser…encore? Pour au moins deux raisons.
La première:
Pour rappeler à l’homme d’aujourd’hui qu’il vaut plus qu’un bulletin de
paye et même que tout l’or du monde comme le disait le fondateur de la JOC.
Le
siècle dernier a été marqué par l’affrontement de deux idéologies qui
se partageaient le monde. Ces visions du monde avaient l’avantage de donner
des repères et des valeurs aux individus pour conduire leur vie selon
une certaine cohérence et pour les orienter vers un idéal. A l’est, l’homme
social au service du collectif ; à l’ouest, l’homme libéral attaché à
la liberté et à la responsabilité individuelle. Il y a une trentaine
d’années, ces idéologies se sont effondrées et l’homme libéral comme
l’homme social se sont mis à genoux devant ce que l’on a appelé la loi du
marché, c’est-à-dire la loi du seul profit. D’un côté comme de l’autre,
l’homme est devenu non seulement un consommateur mais encore un produit
de consommation que l’on jette comme un déchet, selon l’expression du
Pape. J.L.Servan Schreiber peut intituler son dernier livre « Pourquoi
les riches ont gagné » !
Evangéliser donc, pour rappeler à l’homme que
sa vocation de Fils de Dieu le libère de tout assujettissement à
quelque loi que ce soit, hormis celle de l’amour.
Deuxième raison
: Rappeler à notre société que Dieu veut notre bonheur.
Dans ce
contexte de perte de valeurs, l’individu-roi veut que le monde, la nature,
la société obéissent à son bon vouloir et ne supporte plus aucune contrainte.
Or, pour certains, les religions, envers lesquelles ils affichent une
ignorance affligeante, constituent l’obstacle le plus important à la
liberté individuelle. Et tout est bon pour combattre les religions
même s’il faut pour cela ébranler les fondements même de la société par
une législation hâtive et à courte vue.
Evangéliser, pour rappeler que la Foi est
faite pour notre bonheur et non pour nous réduire en esclavage. Déjà le livre du deutéronome nous recommandait
de « choisir le bonheur et non le malheur »
Mais comment évangéliser ?
Reprenons
le titre de l’exhortation papale : « La joie de la Foi ».
Evangéliser
joyeusement. Il ne s’agit pas d’entrer dans une arène pour mener un
combat où il faudrait rendre coup pour coup, injure pour injure, mépris
pour mépris. On n’évangélise pas hargneusement mais joyeusement. Nous
devons dire ce que nous avons à dire sans mettre la langue dans la poche
mais sans sortir à tout instant l’épée du fourreau. Un certain nombre de
réseaux pratiquent auprès des chrétiens une sorte de harcèlement pour
des mobilisations qui sentent souvent l’amalgame dangereux et dans le
ton employé et sur le but visé.
Evangéliser joyeusement, c’est vivre sereinement notre vie de croyant
sans honte et sans agressivité en gardant toujours un regard bienveillant
sur le monde qui est le nôtre et que Dieu, lui, continue à aimer jusque
dans sa passion. Dans une société souvent bien pessimiste, gardons une
confiance souriante en l’avenir puisque nous savons que même notre disparition
et notre mort n’auront pas le dernier mot.
Abbé Jean Casanave
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire