03/02/2014


« Ga­li­lée car­re­four des païens » et c’est jus­te­ment dans cette ré­gion sus­pec­tée de mau­vai­ses fré­quen­ta­tions que Jé­sus inau­gure sa mis­sion et ap­pelle ses apô­tres. C’est de là que «  la grande lu­mière qui brille dans les té­nè­bres » an­non­cée par Is­aïe doit se ré­pan­dre sur tous les peu­ples.

No­tre pape Fran­çois nous a gra­ti­fiés d’une Ex­hor­ta­tion pour nous en­cou­ra­ger à de­ve­nir à no­tre tour des «dis­ci­ples-mis­sion­nai­res». Le dis­ci­ple est ce­lui qui suit (Le Christ) le mis­sion­naire ce­lui qui sort(vers les au­tres). Cha­que chré­tien est « dis­ci­ple-mis­sion­naire » pour que toute l’Eglise se main­tienne en état d’évan­gé­li­sa­tion.

Mais pour­quoi évan­gé­li­ser…en­core? Pour au moins deux rai­sons.
La pre­mière: Pour rap­pe­ler à l’homme d’au­jourd’hui qu’il vaut plus qu’un bul­le­tin de paye et même que tout l’or du monde comme le di­sait le fon­da­teur de la JOC.
Le siè­cle der­nier a été mar­qué par l’af­fron­te­ment de deux idéo­lo­gies qui se par­ta­geaient le monde. Ces vi­sions du monde avaient l’avan­tage de don­ner des re­pè­res et des va­leurs aux in­di­vi­dus pour con­duire leur vie se­lon une cer­taine co­hé­rence et pour les orien­ter vers un idéal. A l’est, l’homme so­cial au ser­vice du col­lec­tif ; à l’ouest, l’homme li­bé­ral at­ta­ché à la li­ber­té et à la res­pon­sa­bi­li­té in­di­vi­duelle. Il y a une tren­taine d’an­nées, ces idéo­lo­gies se sont ef­fon­drées et l’homme li­bé­ral comme l’homme so­cial se sont mis à ge­noux de­vant ce que l’on a ap­pe­lé la loi du mar­ché, c’est-à-dire la loi du seul pro­fit. D’un côté comme de l’au­tre, l’homme est de­ve­nu non seu­le­ment un con­som­ma­teur mais en­core un pro­duit de con­som­ma­tion que l’on jette comme un dé­chet, se­lon l’ex­pres­sion du Pape. J.L.Servan Schrei­ber peut in­ti­tu­ler son der­nier li­vre « Pour­quoi les ri­ches ont ga­gné » !
Evan­gé­li­ser donc, pour rap­pe­ler à l’homme que sa vo­ca­tion de Fils de Dieu le li­bère de tout as­su­jet­tis­se­ment  à quel­que loi que ce soit, hor­mis celle de l’amour.
Deuxième rai­son : Rap­pe­ler à no­tre so­cié­té que Dieu veut no­tre bon­heur.
Dans ce con­texte de perte de va­leurs, l’in­di­vi­du-roi veut que le monde, la na­ture, la so­cié­té obéis­sent à son bon vou­loir et ne sup­porte plus au­cune con­trainte. Or, pour cer­tains, les re­li­gions, en­vers les­quel­les ils af­fi­chent une igno­rance af­fli­geante, cons­ti­tuent l’obs­ta­cle le plus im­por­tant à la li­ber­té in­di­vi­duelle. Et tout est bon pour com­bat­tre les re­li­gions même s’il faut pour cela ébran­ler les fon­de­ments même de la so­cié­té par une lé­gis­la­tion hâ­tive et à courte vue.
Evan­gé­li­ser, pour rap­pe­ler que la Foi est faite pour no­tre bon­heur et non pour nous ré­duire en es­cla­vage. Déjà le li­vre du deu­té­ro­nome nous re­com­man­dait 
de « choi­sir le bon­heur et non le mal­heur »
Mais com­ment évan­gé­li­ser ?
Re­pre­nons le ti­tre de l’ex­hor­ta­tion pa­pale : « La joie de la Foi ». 
Evan­gé­li­ser joyeu­se­ment. Il ne s’agit pas d’en­trer dans une arène pour me­ner un com­bat où il fau­drait ren­dre coup pour coup, in­jure pour in­jure, mé­pris pour mé­pris. On n’évan­gé­lise pas har­gneu­se­ment mais joyeu­se­ment. Nous de­vons dire ce que nous avons à dire sans met­tre la lan­gue dans la po­che mais sans sor­tir à tout ins­tant l’épée du four­reau. Un cer­tain nom­bre de ré­seaux pra­ti­quent au­près des chré­tiens une sorte de har­cè­le­ment pour des mo­bi­li­sa­tions qui sen­tent sou­vent l’amal­game dan­ge­reux et dans le ton em­ployé et sur le but visé.
Evan­gé­li­ser joyeu­se­ment, c’est vi­vre se­rei­ne­ment no­tre vie de croyant sans honte et sans agres­si­vi­té en gar­dant tou­jours un re­gard bien­veillant sur le monde qui est le nô­tre et que Dieu, lui, con­ti­nue à ai­mer jus­que dans sa pas­sion. Dans une so­cié­té sou­vent bien pes­si­miste, gar­dons une con­fiance sou­riante en l’ave­nir puis­que nous sa­vons que même no­tre dis­pa­ri­tion et no­tre mort n’au­ront pas le der­nier mot.

Abbé Jean Ca­sanave

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