Editorial de «Famille Chrétienne» écrit par Aymeric Pourbaix
«Dites, si c’était vrai ?
s’exclamait
Jacques Brel en 1958. S’il était né vraiment à Bethléem
dans une étable ? […] C’est tellement beau, tout
cela, quand on croit que c’est vrai. »
L’interrogation
du poète, qui lui valut le surnom de « l’abbé Brel », caractérise
assez justement notre époque, prise entre le désir de croire pour répondre
à son vide spirituel, et d’autre part le doute et la critique à l’égard de
l’Église, introduits par les philosophes du soupçon – Freud, Nietzsche et
Marx. Ces trois-là, avec d’autres, ont exalté chez l’homme ses pulsions, sa
force et son action matérielle, mais toujours au détriment de son âme.
Culte de l’homme qui reproduit l’antique tentation du Serpent d’être « comme des dieux » (Gn 3,
5), de prendre la place de Dieu jusqu’à s’approprier l’ultime pouvoir : celui sur la
mort, comme le font aujourd’hui les partisans de l’euthanasie.
Cette
volonté orgueilleuse, on la retrouve dans un argument utilisé par
un éditorialiste favorable au suicide assisté, selon qui choisir le
moment de sa mort « ne peut pas
être une faute » pour un catholique qui veut
aller à Dieu (L’Express, 10 décembre).
Affirmation qui ne peut rester sans réponse, car elle touche au cœur de
l’existence : qui décide de ma mort, donc de ma
vie ?
Dieu, ou moi-même ?
Aux
hommes tentés de se faire dieu,
Noël
oppose un Tout-Puissant qui s’abaisse.
C’est
précisément pour répondre à cette question, ce qu’aucune loi ne pourra
faire, qu’il nous faut redécouvrir chaque année l’émerveillement populaire
de cette sainte nuit de Noël. Faite d’admiration, de gratitude, de simplicité,
de consolation, elle est même le parfait antidote : à l’homme qui
veut s’élever par ses propres forces, elle oppose la toute-puissance d’un
Dieu qui s’abaisse. Qui naît dans une pauvre bourgade de Judée, et pas à
Rome, à Athènes ou à Jérusalem.
À
tout prendre, la distance respectueuse du poète devant le mystère, celle
d’un Jacques Brel, est donc un terrain plus favorable pour l’évangélisation.
À condition de faire entendre haut et fort la réponse, celle qui fut donnée
par Paul Claudel, lors de sa conversion, à Noël 1886 :
« C’est vrai ! Dieu existe,
Il est là ! C’est Quelqu’un, c’est un être aussi
personnel que moi ! Il m’aime, Il
m’appelle ! »
Joyeux Noël !
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