NOËL
« Voici que je vous annonce
une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : aujourd’hui,
dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur »
(Lc
2, 10-11).
Beaucoup semblent avoir oublié
la signification profonde de la fête de Noël, dont l’étymologie et
l’histoire évoquent précisément la naissance de Jésus. On parle plus volontiers
de fêtes de fin d’année, comme si l’événement que nous commémorons
n’avait pas profondément marqué notre histoire et comme si les Noëls religieux
de notre enfance n’étaient plus gravés dans les mémoires. Il suffit de
constater l’affluence record dans nos églises, en particulier pour les
messes de la nuit, pour vérifier le puissant attrait que Noël continue
d’exercer. Quand au nom de la laïcité, on en vient même à bannir les crèches
des lieux publics, on n’expose pas seulement les Institutions de l’Etat
au ridicule, mais on répète sans le savoir le récit même de l’Evangile
qui continue :
« Marie mit au monde son fils premier-né ; elle
l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire – c’est-à-dire une crèche –,
car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune » (Lc 2, 7).
Une société sans mémoire est une société sans avenir. Le Pape François
l’a rappelé devant l’assemblée du Conseil des conférences épiscopales
d’Europe :
« Europe, reviens à Jésus ! Reviens à ce Jésus
dont tu as dit qu’il n’était pas dans tes racines ».
Jésus est né dans une famille !
Cet événement jette une grande lumière sur la vocation et la mission de
toute famille. Et la mission de la famille, c’est « d’accueillir Jésus,
de l'écouter, de parler avec Lui, de le protéger, de grandir avec Lui; et
ainsi de rendre le monde meilleur » (Pape François). Une famille qui
prie demeure unie ! Et cela est vrai aussi de notre famille diocésaine :
ne laissons pas le « Diviseur » blesser notre unité et accueillons
ensemble le « Prince de la Paix », en priant à la crèche les uns
pour les autres !
On raconte que lors de la
grande guerre de 1914, dont on commémore cette année le centenaire, il ne
manqua pas de chrétiens, de part et d’autre du front, pour suspendre les
combats sanglants le temps de la nuit et du jour de Noël. Aujourd’hui, il
est fort à gager qu’il n’y aura pas de Trêve de Noël pour tout le monde :
tant de nos concitoyens vont vivre cette fête dans la solitude, qui, au
dire du Pape François, est une des maladies les plus répandues en Europe
et qui touche tant les personnes âgées souvent abandonnées à leur destin,
que les jeunes en quête d’avenir et de sens, que les pauvres toujours plus
nombreux qui peuplent nos villes et les migrants venus chez nous pour fuir
une situation si peu enviable.
Comment ne pas avoir une pensée
pleine d’affection pour les chrétiens déplacés et persécutés d’Irak et
de Syrie ? Combien de familles, que j’ai visitées à Erbil, vivront
ce Noël sous la tente, rejoints par la froideur de l’hiver irakien, parce
qu’elles ont été chassées de leur villages et de leurs maisons, identifiés
à Jésus naissant dans une étable et prenant le chemin de l’exil pour échapper
à la cruauté d’Hérode ? Et le Noël de solitude qui traverse la Syrie ?
Comme nous l’écrit un évêque depuis Damas :
« Nos fidèles passent
la fête de Noël dans le froid glacial de leurs crèches domestiques, s’appuyant
sur la chaleur de leur foi sous le regard attendri de la Sainte famille ».
Il en faudrait aujourd’hui
des « Père Cestac », le futur bienheureux de Bayonne, qui descendit
dans la rue pour secourir les orphelines et recueillir les prostituées.
Je ne doute pas que ce Noël 2014 verra beaucoup d’entre nous s’attacher à
prendre soin concrètement de la fragilité de leurs frères, depuis la
conception jusqu’à la fin de vie où la dignité de la personne humaine
est tellement menacée. Soyons de ceux-là, avec la grâce de Dieu !
Saint et joyeux Noël à
tous !
† Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et
Oloron
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire