Neuf mois avant la Nativité de Notre Seigneur Jésus Christ et
au cœur même du Carême, nous célébrons le 25 mars, la solennité de
l’Annonciation. L’Ange Gabriel vient annoncer à une jeune fille appelée Marie qu’elle
va « concevoir et enfanter un fils ». Six mois plus tôt, le même ange
Gabriel avait annoncé à un prêtre déjà avancé en âge, Zacharie, et dans un
cadre beaucoup plus solennel – le temple – que sa femme Elisabeth mettrait au
monde un fils. Avec Marie, l’annonce a été beaucoup moins solennelle : une
maison d’une ville de la province de Galilée, appelée Nazareth. Galilée,
carrefour des nations, était méprisée par les grands savants de l’époque.
Regarde, disent les Docteurs de la Loi à Nicodème et tu verras qu’aucun
prophète ne surgit de Galilée (cf Jn 7, 45-52). Nazareth elle aussi était bien
méprisée : « De Nazareth, peut-il sortir quelque chose de bon ? »
demande Nathanaël à Philippe (cf. Jn 1, 46). Et pourtant c’est dans cette ville
que l’ange est venu dire à Marie : « Réjouis-toi, » bien-aimée
de Dieu. Deux attitudes de Marie pendant la conversation avec l’ange retiennent
notre attention, car ce sont ces deux attitudes qui ont rendu possible le fait
de l’Incarnation. Marie a compris, avec la salutation de l’ange, « le
Seigneur est avec toi » qu’elle serait appelée à une lourde
responsabilité.
« Comment cela va-t-il se faire, demande Marie, puisque
je ne connais pas d’homme ? » La question, chez Marie, n’exprime pas
un doute, mais un étonnement. Elle est toute différente de la question posée
par Zacharie à l’ange six mois plus tôt : « Comment vais-je savoir
que cela arrivera ? Moi, en effet, je suis un vieillard et ma femme est
avancée en âge » (Lc 1,18). Zacharie veut savoir : il y a là un
manque de confiance en Dieu à qui appartient l’ordre du savoir et de la
connaissance (cf Gn 2,17). Nous tenons la connaissance de Dieu, c’est lui qui
nous éclaire et nous oriente. Nous ne connaissons pas par nous-mêmes. Zacharie
se pose comme un « Je » – « comment vais-je… ? » tout
comme si ce qui va se passer dépendrait de lui. Marie quant à elle se situe
dans l’ordre de l’agir, d’un agir qui là aussi ne dépend pas de nous mais de
Dieu : « Comment cela va-t-il se faire… ? »
Elle comprend que ce qui va se passer ne dépendra pas d’elle. Et voilà pourquoi
elle ne dit pas « je » mais « cela » : une action qui
se produira en elle sans être d’elle. Alors elle met sa confiance en la parole
de l’ange et se rend disponible pour Dieu. Et elle permet ainsi que se réalise
effectivement en elle la prophétie d’Isaïe lue dans la 1re Lecture
de ce jour et que lui a reprise l’ange : « Voici que la vierge est
enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel, car Dieu est avec
nous ».
« Voici la servante du Seigneur ; que tout
m’advienne selon ta parole. » En disant « Voici la servante »,
elle n’exprime pas une attitude servile vis-à-vis du Seigneur, mais plutôt une
libre disponibilité au projet de Dieu, un engagement en toute connaissance de
cause, une confiance totale. Avec son fiat, elle fait basculer l’humanité. De la
même manière qu’au début de la Création, l’Esprit planait sur les eaux pour
donner la vie, de la même manière, l’Esprit Saint viendra sur elle et la
puissance du Très-Haut la couvrira de son ombre ou de sa nuée. La nuée est le
signe de présence de Dieu. Marie devient alors la demeure de la Présence
sacrée : en elle, une nouvelle création naît.
La solennité de l’Annonciation nous donne de célébrer le
surgissement de la nouvelle création. Ne vivons donc pas dans le désespoir car
l’Annonciation pour nous et aujourd’hui plus que jamais, est porteuse
d’espérance et de joie. Accueillons ce message avec la même simplicité de cœur
que Marie car de la même manière que, alors que Jérusalem était menacée, Dieu
avait promis que la dynastie de David ne s’éteindrait pas, de cette même
manière, Dieu nous conforte aujourd’hui dans notre espérance en nous rappelant
qu’il tient toujours ses promesses. Même devant nos infidélités, Dieu reste
toujours fidèle. Comme Marie, reprenons avec le psaume de ce jour et à la suite
du Christ sur les lèvres de qui la Lettre aux Hébreux met ses paroles du
psaume : « Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, tu as ouvert mes
oreilles ; tu ne demandais ni holocauste ni victime, alors j’ai dit :
Voici, je viens » pour faire ta volonté et je dirai ton amour et ta vérité
à la grande assemblée. Ouvrons nos cœurs et notre vie à cette volonté grâce à
laquelle nous sommes sanctifiés, nous dit la Lettre aux Hébreux, « par
l’offrande que Jésus-Christ à faite de son corps, une fois pour toutes »,
Amen !
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