« Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous
croyez en Dieu, croyez aussi en moi. » L’annonce par Jésus à ses disciples
de son départ, les bouleverse, les déstabilise et les rend triste. Jésus les
console, les rassure et les met en confiance, il leur promet de les rassembler
autour de lui. « Je pars vous préparer une place. Quand je serai parti
vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin
que là où je suis, vous soyez, vous aussi. Pour aller où je vais, vous savez le
chemin. » L’interpellation de Thomas : « Seigneur, nous ne
savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? »,
donne à Jésus l’occasion de révéler qui il est : JE SUIS. « Moi, je
suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans
passer par moi ». Jésus vient ouvrir la porte qui introduit au Père, il
nous permet l’accès à Dieu avec qui nous pouvons désormais vivre en intimité
étroite. Il est lui-même le chemin qui conduit au Père : cela veut dire
que rien ne passe en dehors de lui. Rappelons-nous les premières lignes du
prologue de Jean : « C’est par lui que tout est venu à l’existence, et rien de
ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui. » (Jn 1,3) Ce chemin qu’il est,
nous sommes invités à le pendre dans la vérité, en évitant de pactiser avec le
Malin. Et c’est encore lui, Jésus, qui nous éclaire sur ce chemin : il est
la Vérité. Nous ne pouvons pas nous mettre sur ce chemin et continuer à nous
mentir à nous-mêmes et à mentir au monde. Vivre dans le mensonge, c’est être
conduit à perdre la vie. Et la Vie, c’est encore lui qui nous la donne, il nous
la donne par le don de sa vie sur la croix.
Frères et sœurs, voilà l’assurance que Jésus nous donne :
l’assurance de la vie éternelle, la certitude d’avoir une place dans la maison du
Père, auprès du Christ. Est-ce que nous croyons réellement en cette vie
éternelle ? Pas très sûr ! Nous n’arrivons pas y croire à cause de la
mort que, généralement, nous considérons comme ce qui vient mettre fin à la
vie. Or la vie est sans fin, elle est illimitée, elle est éternelle. Si nous
pensons la mort comme la fin de la vie, c’est parce que nous confondons la vie
et l’existence. C’est l’existence qui est limitée, finie. Exister, c’est sortir
de soi, pour se montrer, se manifester dans le monde. Cette manifestation a un
début et une fin. A la fin, je retourne d’où je suis sorti et je continue
d’être. La fin de l’existence ne signifie pas la fin de l’être. L’être est,
c’est-à-dire qu’il est éternel. Et cet être, c’est moi. C’est moi qui suis, à
l’instar de Jésus qui dit : JE SUIS et de Dieu qui s’est révélé à Moïse
comme JE SUIS. Moi aussi, JE SUIS parce que je suis créé à l’image de Dieu,
d’un Dieu éternel qui est Vie. Mais la qualité de l’existence conditionne
l’accès véritable à cette vie éternelle. Voilà pourquoi durant notre existence,
nous devons prendre dans la vérité, le chemin qui conduit à la Vie et nous
efforcer de connaître Celui qui nous a créés et envoyés dans ce monde.
« Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon
Père. » Si Jésus est celui qui conduit au Père, celui par qui nous
connaissons le Père, il est tout à fait normal qu’en le connaissant, nous
connaissions aussi le Père. Dans certaines réalités culturelles, connaître,
c’est voir, voir non pas la façade, non pas l’extériorité, mais voir
l’intériorité, voir en profondeur, voir le fond de la chose. Jésus peut donc
affirmer : « Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez
vu. » Connaître le Père, c’est donc le voir. Et si c’est en connaissant le
Fils que nous connaissons le Père, nous le voyons dans la mesure où nous voyons
le Fils. Philippe ne l’a pas réellement compris : « Seigneur, dit-il,
montre-nous le Père ; cela nous suffit ». « Il y a si longtemps
que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a
vu a vu le Père. […] Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le
Père est en moi ! » C’est donc dans le Fils que le Père se révèle. Le
Père et le Fils sont UN. Il y a une telle intimité réciproque et profonde entre
le Père et le Fils que celui-ci ne trouve la source de son agir que dans son
Père, lequel s’exprime pleinement en son Fils.
C’est cette même intimité qui unit le Fils au Père qui doit nous
unir au Fils et par le Fils, au Père. « Celui qui croit en moi fera les
œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes. » Cela veut dire tout
simplement que le Père continue en nous et pour le monde, l’œuvre de grâce
qu’il a commencée en son Fils. Nous sommes la présence réelle de Dieu dans le
monde. Et c’est là que chacune et chacun de nous doit pouvoir
s’interroger : quelle qualité de présence de Dieu suis-je dans le
monde ? Et comment je manifeste cette présence ? Avec ou sans
Dieu ? Les Apôtres nous en donnent l’exemple dans le texte de la Première
Lecture de ce dimanche : « Il n’est pas bon que nous délaissions la
parole de Dieu pour servir aux tables ». et toutes leurs activités étaient
précédées et imprégnées de prière. Cette parole de Dieu, le psalmiste
aujourd’hui nous la présente comme étant droite : « Oui, elle est
droite, la parole du Seigneur ; il est fidèle en tout ce qu’il fait. […]
La terre est remplie de son amour ». Et pour que notre monde soit
effectivement rempli de l’amour de Dieu, nous devons prendre conscience du fait
que nous sommes intégrés à sa construction, à la construction de cette humanité
que Saint Pierre dans la Deuxième Lecture, présente comme une demeure
spirituelle. « Vous aussi, comme pierres vivantes, entrez dans la
construction de la demeure spirituelle, pour devenir le sacerdoce saint et
présenter des sacrifices spirituels, agréables à Dieu, par Jésus Christ. »
Frères et sœurs, le véritable temple de Dieu, c’est notre humanité et le seul
culte que nous puissions lui rendre est l’amour pour cette humanité,
Amen !
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