27/04/2020

Homélie du 3ème dimanche de Pâques, par l'Abbé Jean-Marie Barennes. 

Certains, qui écoutent de façon distraite l’évangile à la messe,
sont parfois étonnés d’entendre tout à coup 
un nom qu’il connaissent bien : Emmaüs. Emmaüs, 
c’est ce que l’on voit écrit sur les camions de l’oeuvre de l’abbé Pierre. 
Ceux qui viennent chercher nos objets inutilisés 
pour leur donner une seconde vie.
L’abbé Pierre a choisit ce patronage pour son oeuvre,
en référence à ce passage d’évangile que nous venons d’entendre.
Il s’en explique dans cette prière :

« Seigneur Jésus, souviens-toi de cette petite maison là-bas, à Emmaüs, 
et du bout de chemin qui y conduit, quand on vient de la grand-route.
Souviens-toi de ceux, qu’un soir, tu abordas là-bas. 
Souviens-toi de leurs cœurs abattus. 
Souviens-toi de tes paroles, qui les brûlèrent. 
Souviens-toi du feu dans l’âtre, auprès duquel vous vous êtes assis, 
et d’où ils se relevèrent transformés. 
Et d’où ils partirent vers les prouesses d’amour… 
Regarde-nous.
Vois : nous sommes tous pèlerins d’Emmaüs! ! 
Nous sommes tous des hommes qui peinent dans l’obscurité du soir, 
las de doutes après les journées méchantes.
Nous sommes tous des cœurs lâches, nous aussi.
Viens sur notre chemin, brûle-nous le cœur à nous aussi.
Entre avec nous t’asseoir à notre feu…
Et qu’exultant de joie triomphale, à notre tour, 
nous nous relevions pour bondir révéler la joie à tout homme au monde 
en l’Amour, à jamais, jusqu’à notre dernier souffle !

Avec ceux qui ont vécu le Parcours Alpha, 
nous lisons cette année chez nous, confinés, entre Pâques et Pentecôte, 
un petit livre du Père Anselm Grün, moine bénédictin Allemand,
intitulé : « Petit manuel de guérison intérieure. » (ed. Albin Michel 2016)
Le Parcours Alpha procède un peu comme Jésus sur le chemin d’Emmaüs.
Laisser d’abord les gens vider leur sac, exprimer ce qui leur pèse,
pour avoir, ensuite, l’esprit libre 
pour accueillir le message d’amour de Dieu révélé par Jésus.
C’est dans le même sens que le Père Anselm Grün 
commente dans ce livre, l’épisode de Jésus devant le tombeau de Lazare, 
quand Jésus dit : « enlevez la pierre ! » 
Il faut s’imaginer être à la place de Lazare au tombeau. Je le cite :
« La voix de Jésus ne peut traverser la pierre.
Mais, une fois celle-ci enlevée, sa parole nous parvient, 
même si nous sommes déjà (comme) morts ». (p 21)
Et il propose cet exercice pratique :
« Quelle pierre entrave ta vie ?
Nomme-là, et remets-là à Dieu dans ta prière. » (p 22)
Une fois la pierre qui masquait Jésus enlevée,
nous pouvons l’entendre, le comprendre, et le suivre.
Peut être que chez beaucoup de nos contemporains, 
c’est cette pierre, qui peut avoir un contenu varié, 
qui ferme tellement, que la parole de Jésus devient inaudible.

Oui, nous sommes nous-mêmes comme les pèlerins d’Emmaüs, 
parfois découragés.
Mais voici qu’une oreille bienveillante, attentive, est là pour nous écouter.
Voici qu’un chemin s’ouvre devant nous.
« Notre cœur n’était il pas tout brûlant en nous 
tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? »
Accueillis et écoutés, nous pouvons devenir à notre tour oreille qui écoute.

Je suis toujours frappé par la réponse de Jésus à la question :
« Quel est le premier de tous les commandements ? »,
en tout cas, dans la version qu’en donne saint Marc.
Voici les premiers mots de la réponse :
« Écoute Israël » (Mc 12, 29).
On pourrait passer vite dessus : c’est le début de la réponse.
C’est le début de la prière que tout bon juif connait par cœur : 
le « Shema Israël. »
Mais, voici que le premier de tout les commandements,
c’est une attitude fondamentale : écouter.
À partir de là, tout est possible.
Et même d’aimer Dieu de tout son cœur.
Et même d’aimer son prochain comme soi-même.

En ce temps de confinement,
que notre emprisonnement ne soit qu’extérieur.
À la suite du Christ, ayons le cœur libre pour aimer.
Amen.

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